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publique, celle où, avec un rare désintéressement, il rendit à son pays les plus incontestables services.

Quittant sa retraite et sa quiétude de Beauvais, il était allé s’établir à Tours, pour être plus à portée de répondre à ce que les circonstances exigeraient. Là, seize mois durant, il puisa dans sa foi républicaine l’énergie de faire face aux responsabilités les plus lourdes. Repos, fortune, vie de famille, il y sacrifia tout, aidé, soutenu, encouragé dans cet esprit d’abnégation par Mme Clément de Ris, qui, du premier jour au dernier, partagea, avec une noble vaillance, les fatigues, les émotions, les dangers, les angoisses de son mari.

Le département d’Indre-et-Loire, par sa situation avancée entre la France vendéenne d’une part et la France républicaine de l’autre, était comme le quartier général de la résistance à l’insurrection. On y institua un Comité de défense, chargé « de correspondre avec les généraux, les corps administratifs des départemens voisins et les agens du pouvoir exécutif ; de recevoir, centraliser et contrôler les renseignemens relatifs à l’ennemi ; de rassembler, équiper, armer des troupes, de pourvoir à leur subsistance, de les répartir sur les points où leur présence serait jugée le plus utile ; d’instruire et de réprimer les actes d’indiscipline ou de pillage, etc., etc. » Ce Comité était composé mi-partie de militaires et mi-partie d’administrateurs du Département ou du district et de membres du Conseil général de la commune de Tours. La présidence en fut confiée à Clément de Ris ; grand honneur assurément, mais charge difficile, écrasante, périlleuse à tout point de vue. On l’allait bien voir.

Ce que fut la vie du Président du Comité de défense, deux documens intéressans le font connaître. Le premier est un rapport[1]rédigé, lors de l’arrestation de Clément de Ris en pluviôse an II (février 1794), par le citoyen Joseph Morais, ancien Secrétaire militaire de la place de Tours pour l’année 1793. Dans ce rapport, le citoyen Morais déclare que, Président du Comité militaire, Clément de Ris « s’y est comporté avec le plus grand zèle et la meilleure conduite qu’aucun républicain ou un vrai sans-culotte puisse faire, assistant de six heures du matin à deux heures après-midi, et de trois heures de relevée à minuit, et bien souvent jusqu’à trois heures de la nuit ; que même on l’a

  1. Ce rapport est intitulé : Projet de vérité déclarée de la conduite des citoyens Clément de Ris et Texier-Olivier.