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mesures que comportaient les circonstances, envoya à deux reprises, en 1830 et en 1837, Burnes en ambassade à Caboul ; et, quand le chah de Perse que soutenait la Russie vint mettre en 1837 le siège devant Hérat, ce fut un officier anglais, Pottinger, qui défendit la place. La Russie, ayant envoyé à son tour, en 1839, Viktevich en ambassade à Caboul, les Anglais ouvrirent les hostilités contre l’Afghanistan. Caboul fut occupé par une garnison anglaise ; mais celle-ci, devant une insurrection générale de la population, dut évacuer deux ans après, le 21 novembre 1841, la capitale de l’Afghanistan, et les débris de l’armée anglaise furent massacrés dans les passes de Gundamak. Une nouvelle armée anglaise vint bien, l’année suivante, incendier, à titre de représailles, une partie de Caboul, mais l’exécution faite, elle se retira.

Cependant les Russes avançaient toujours. Dès 1840, leurs postes étaient sur l’Irtich et le Syr-Daria. En 1845, ils dirigeaient une première expédition contre Khiva : ils échouaient, il est vrai, mais réussissaient, en 1852, à prendre pied dans le khanat de Kokand. Ils enlevaient, en 1865, Tachkend et Khodjent, s’emparaient en 1868 de Samarcande et obligeaient le khan de Boukhara à accepter le protectorat de la Russie. Khiva succombait enfin, en 1873, sous les coups d’une seconde expédition, et, par ces dernières conquêtes, les possessions russes confinèrent à l’Afghanistan.

Sur ces entrefaites, le souverain afghan, Dost-Mohammed, que les progrès des Russes effrayaient, s’était réconcilié avec les Anglais : par le traité conclu le 30 mai 1855 à Peïchawer (le premier des traités anglo-afghans), il avait déclaré « qu’il y aurait paix et amitié perpétuelle entre l’Afghanistan et la Compagnie des Indes, et qu’il serait l’ami des amis et l’ennemi des ennemis de ladite Compagnie. » En revanche, les Anglais l’avaient aidé à reprendre Hérat, et, après sa mort, avaient donné, par le traité d’Ambala, trois millions à son fils Shere-Ali pour lui permettre de raffermir son pouvoir. Lors de la soumission de Boukhara et de la prise de Khiva, les Anglais étaient tout-puissans en Afghanistan. Profitant de cette situation, ils demandent aux Russes de déterminer la frontière commune entre leurs nouvelles possessions et ce pays. Ce fut l’objet du traité de 1872, par lequel les territoires au nord de l’Oxus furent reconnus appartenir à la Russie, et ceux au midi de ce fleuve à