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MADAGASCAR

VI.[1]
LA MISE EN VALEUR DU SOL, LA COLONISATION FRANÇAISE ET L’IMMIGRATION ÉTRANGÈRE

Celui qui a connu Madagascar en 1896 et y débarque de nouveau aujourd’hui ne peut manquer d’être émerveillé par tout ce que l’activité française a su organiser en dix ans dans un pays mal peuplé, ingrat et jusque-là fort malsain, auquel la métropole n’a accordé que de médiocres subventions. Les villes de la côte, aménagées en ports ou en rades, presque complètement reconstruites, sont devenues des cités spacieuses, claires, gaies. Tamatave où l’on s’enlizait hier dans les rues de sable, où maintenant de compactes chaussées de terre rouge s’allongent entre les magasins achalandés et sous les ombrages dorés des badamiers, apprivoise aussitôt tous les étrangers par sa fraîcheur et sa coquette intimité, par la grâce créole qui s’y révèle avec hospitalité, par les maisons à vérandahs et les menus jardins-suspendus d’orchidées, de calladiums et de bégonias qu’y ont transportés les familles de la Réunion. Diego a triplé ; la chaude Majunga construit chaque année de hauts immeubles aérés contre son littoral aux écumes rosâtres en avant des quartiers arabes ; Mananjary répartit pittoresquement dans sa verdure australe des factoreries agréables comme des villas. Des routes de plusieurs centaines de kilomètres, souvent

  1. Voyez la Revue du 1er janvier, du 15 mars, du 1er avril, du 15 juin et du 1er août 1907.