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surveille Florence, nous l’aurons au premier mouvement qui se fera. Il la fait porter à 400 louis au lieu de 300, à notre intention. Il m’a fait maintenir par le ministre nouveau mes 4 000 francs de traitement en attendant. Ma pension de 2 000 au ministère de l’Intérieur n’est pas ébranlable par un changement de ministère, parce qu’elle est signée par le Roi et ainsi à jamais. J’ai demandé Londres, mais il est difficile que je l’aie comme il convient, c’est-à-dire en chef, avant d’avoir passé un an ou six mois en qualité de secrétaire seul à Florence. Si je suis de l’Académie, on me dit que cela va me nuire beaucoup pour cela, n’étant plus alors employable dans nul emploi subalterne d’après les usages. Cette considération doit nous consoler. Je dis nous, c’est-à-dire toi et ma mère (car pour moi, je m’en moque). Je n’y mets tant d’action que pour vous.

ALPH.


Du 13 plus tard. — J’ai été plusieurs fois chez M. de Chateaubriand. J’en suis très content. Il m’a dit : « Non seulement ma voix vous est acquise, mais elle vous est due, et je crois faire honneur jà l’Académie, etc. » Quant au Roi, je ne m’y ferai présenter que dans le cas d’un succès que je n’espère plus du tout, qui est même impossible. Ce matin et tous les jours, les journaux, même les petits journaux libéraux comme la Pandore et le Diable boiteux, sont pleins d’articles relatifs à moi et très bien pour moi ; la jeunesse libérale est scandalisée de cette préférence des vieilles médiocrités à un jeune homme que l’opinion littéraire porte presque unanimement. A présent j’en suis bien aise, et une fois la chose faite, ce sera un concert universel contre cette coterie Lacretelle et Cie.

Pour moi, je ne m’en mêlerai pas. Adieu, adieu, adieu. On ne nommera pas avant le 1er décembre. J’ai déjeuné avec Alain et je dîne avec Hugo. Soumet est contre moi.


La Pandore du 3 novembre avait publié un petit article où l’auteur, après avoir cité les noms de divers écrivains dignes de l’Académie, concluait : « Enfin, si vous ajoutez à cette liste MM. Victorien Fabre, Lamartine, Delatouche, Charles Nodier, de Senancourt, Pouqueville, Carrion-Nisas père et M. Girault Duvergier, on trouvera que ce nombre de littérateurs distingués s’élève jusqu’au nombre de quarante nouveaux immortels et peut former en dehors une contre-Académie française. » Etre mis sur le même rang que Pouqueville et Carrion-Nisas ! Et s’en réjouir ! Mais l’imagination du poète embellit toutes choses. — Quant au Diable boiteux, il faisait moins encore : il ne prononçait pas le nom de Lamartine.


Dimanche soir 14[1]. Mon ange, rien de bien nouveau ; à toutes les heures, la position

  1. Mme Alphonse de Lamartine, à Mâcon.