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répondre ce que je sens ! Mais tu sais que je ne puis sans me tuer écrire une page. Je réserve tout pour le retour…


3 jeudi 1822[1].

Rien de nouveau, cher ange. Je persévère dans mon idée de me faire nommer secrétaire d’ambassade ici ou là, en attendant ensuite la possibilité d’autre chose. But the other thing is very incertain by the position of the ministery. Je dîne aujourd’hui chez le ministre. J’y dîne encore dimanche avec la duchesse de Devonshire, dont je suis le voisin et qui vous adore. Je viens de passer ces deux jours en courses. Je recommence ce matin. Je ne suis pas trop mal, sauf l’impossibilité d’écrire. Cela me donne ces accès sur la poitrine. Aussi je ne te dis qu’un seul mot : je t’aime, je t’adore, je ne pense qu’à toi.

Mais mes affaires ne s’arrangent pas à ma guise. Je serai vraisemblablement nommé à Turin faute de mieux et je n’ai nulle envie d’y aller. S’il y avait moins loin d’ici à Florence, j’écrirais à M. de Château et j’aurais le temps d’avoir sa réponse. Je m’y ferais alors nommer en sûreté de conscience, mais je ne veux pas le faire renvoyer sans son avis et comme le temps presse, by the position of man, je me presse aussi.

Demande à ta mère si elle veut s’établir pour six mois à Paris et six mois à la campagne ; tels que nous sommes, nous le pourrions si cela vous plaît plus que Mâcon ; je consens à tout. Je puis mettre pour ma part 450 louis, et 500 suffiraient pour être très bien ainsi.


Lundi matin, 7 janvier 1822[2].

Ma pauvre petite belle, c’est toujours moi et jamais rien de nouveau. J’ai passé une partie de la matinée chez le ministre. Je lui ai porté un travail sur l’Italie, nous avons longtemps causé en ami plus qu’en ministre. Rien ne s’éclaircit ni ne s’affermit ; il m’a promis à défaut de tout ceci de ne laisser aborder personne à Florence que moi, si l’on peut colloquer M. Château. Je ne lui ai pas dit que j’avais écrit à ce dernier de manière que je pourrais bien être nommé avant la réponse ; alors je refuserai s’il ne consent à rien et je resterai dans notre misère, mais sans reproche de conscience. M. de Montmorency m’a dit : J’aimerais mieux vous garder, je vous arrangerais bien, mais si je sors, vous perdrez tout (ce qui est juste). Demande catégoriquement à ta mère si Florence lui convient et si elle y viendra.

Adieu, ange céleste, objet unique de mon culte ici-bas ! toi à qui je ne cesse de penser et de rêver.

Je dîne demain chez M. de Laroche Jacquelein, ou plutôt je fais semblant de dîner. Demande à M. Delahante si son intention serait de louer son appartement pour six mois et combien. J’ai couru hier pour en voir. Il y en a de très beaux pour 80 louis l’année. Tu vois que nous aurions du

  1. Mme Alphonse de Lamartine, rue Saint-Pierre, à Mâcon.
  2. Mme Alphonse de Lamartine, rue Saint-Pierre, à Mâcon.