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AMICUS


Que béni soit le nom qui parfume tes lèvres !
O grande Déité qui dispenses nos fièvres,
O toi que les amans éperdus et ravis,
Appellent de leurs vœux toujours inassouvis ;
Qui, dans les temps sacrés, et quand la race humaine
Était encor pure, ô belle Anadyomène,
De ces cœurs généreux et simples, avais fait
L’auguste sanctuaire où l’amour souriait.
Alors, sur les sommets, parmi les aubépines,
Tu contais aux bergers les légendes divines,
Et rendais immortels les noms de les élus !
Mais nous, moins fortunés, ne te parlerons plus,
Car, désertant le Temple et ses laideurs infâmes,
Tu regagnas l’Olympe et laissas dans nos âmes,
Qui depuis n’ont cessé, Vénus, de t’appeler,
Un grand vide éternel que rien n’a pu combler.
Aphrodite !… puisque ta présence bénie
Par notre indignité fut à jamais bannie,
Écoute nos sanglots monter vers toi le soir,
Et donne nous du moins le consolant espoir,
A travers la beauté de celles qu’on adore,
Intangible Splendeur, de te revoir encore…

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