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cinq et six cents millions de francs, peut-être davantage. Il en résultera un soulagement immédiat, qui s’accentuera encore pendant l’hiver, grâce aux dépenses des touristes et aux dividendes distribués, presque toujours au début de l’année, par les sociétés locales.

Le moment d’une action énergique et coordonnée des banques sera alors venu. Certaines d’entre elles ont beaucoup contribué à déchaîner la crise en accordant des crédits souvent excessifs et désordonnés pendant la période d’effervescence, puis en les retirant brusquement au premier resserrement des marchés européens. Elles peuvent maintenant, sans courir grand risque, rouvrir leurs coffres, quand ce ne serait que pour permettre à leurs cliens de payer les échéances sur les effets, les titres non libérés et les terrains achetés à terme. Elles sont enfin tout naturellement désignées pour attirer l’attention des capitalistes européens sur les belles occasions de placement qui s’offrent actuellement en Égypte. Sortant de leur réserve, certaines d’entre elles, en tête desquelles s’est placée la National Bank, ont déjà travaillé activement et avec succès à secourir des maisons de commerce ou de change menacées. Elles peuvent faire davantage : contribuer, en s’amendant elles-mêmes, à réformer les institutions financières et commerciales de l’Égypte.

D’une part, les deux bourses aux valeurs d’Alexandrie et du Caire souffrent d’un désordre très fâcheux. Faute de contrôle, des abus dont le détail’ serait aussi fastidieux que délicat y ont été commis. D’autre part, le règlement des achats des commerçans aux importateurs ou aux marchands en gros s’opère sans régularité et sert très fréquemment à faciliter de pures spéculations. Voilà deux faits qui expliquent l’acuité et la violence de la crise. Pour organiser sérieusement les bourses, il suffit d’une bonne loi : le gouvernement en a élaboré une qui semble bien conçue. Ce projet soumet l’ouverture des bourses à l’autorisation gouvernementale et confie leur direction à un collège de commissaires du gouvernement et à une commission présidée par un de ces commissaires, composée de courtiers, de banquiers et de commerçans désignés par le ministre des Finances sur la présentation des courtiers et des assesseurs commerciaux auprès des tribunaux. Il établit les conditions d’admission à la profession de courtier et les obligations spéciales à cette catégorie de commerçans, dresse le règlement des opérations, le