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considérable qui s’augmentera encore et sera sans doute suffisante à couvrir les frais de la campagne cotonnière. Il y a tout lieu de croire que les commissionnaires se procureront, sans grande difficulté, de quoi payer les avances nécessaires aux cultivateurs pour couvrir les frais de la cueillette. A leur défaut, ceux-ci pourraient recourir à la Banque agricole fondée en 1902, sous les auspices et le contrôle du gouvernement égyptien, justement à de telles fins. Son capital et ses réserves dépassent cent millions de francs. Au besoin le gouvernement lui-même serait, croyons-nous, décidé à intervenir directement, d’accord avec la National Bank, pour faciliter ce règlement, et il pourrait le faire d’une manière simple et efficace, en autorisant cet établissement à mettre à la disposition des autres banques, pour une période fixe de deux ou trois mois, la plus grande partie des fonds du Trésor déposés dans ses caisses : ils dépassaient 30 millions le 31 décembre 1906, suivant le bilan publié à cette date. En tous cas, les grands propriétaires, en tête desquels se placent les sociétés foncières, disposent de ressources suffisantes ; on en peut dire autant de la plupart des moyens. Quant aux petits, ils peuvent, à la rigueur, récolter avec le seul travail de leur famille, sans faire appel à la main-d’œuvre salariée.


V

La maladie dont nous avons établi les causes et décrit les phases, est en ce moment dans la période critique. Suivant les circonstances qui se produiront, suivant le traitement qui sera appliqué, une amélioration rapide ou une aggravation dangereuse interviendra. Il y a donc quelque chose à espérer et quelque chose à faire.

Il faut espérer une campagne cotonnière fructueuse et une meilleure tenue des places européennes dont le marché égyptien dépend plus étroitement que jamais. La cueillette se fait en octobre. Si rien ne survient de fâcheux, son rendement sera extrêmement considérable. Le coton se maintient depuis un an ou deux à des cours qui n’ont jamais été atteints depuis la guerre de Sécession. On a semé sa graine partout où elle pouvait germer et la récolte promet d’être extraordinairement abondante. On peut donc, en se fondant sur les chiffres des années précédentes, prévoir que l’exportation de cette denrée rendra entre