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du privilège d’émettre des banknotes, d’utiliser ses ressources avec une circonspection excessive et, pour une bonne part, en placemens à très court terme sur le marché de Londres. Viennent ensuite les succursales du Crédit Lyonnais, de la Banque Ottomane, du Comptoir d’Escompte et d’autres grandes banques européennes moins importantes qui font servir à leurs opérations des capitaux à elles remises par leurs maisons-mères et, dans une mesure bien moindre, les dépôts des capitalistes locaux, dépôts qui, pour le Crédit Lyonnais tout au moins, atteignent toutefois un chiffre relativement considérable. Minutieusement contrôlées par le siège social, elles ont toujours fait preuve, dans l’emploi des ressources illimitées dont elles disposent, d’une prudence et d’une réserve peut-être exagérées qui se sont manifestées, pour certaines d’entre elles, par de brusques suppressions de crédit, décidées dès le début de la crise actuelle dont la violence fut ainsi considérablement aggravée. Tout au moins leur situation est-elle inébranlable. Enfin d’autres banques purement locales fonctionnent sans dépôts, utilisant, ainsi que nous l’avons dit plus haut, leur propre capital et les avances qui leur sont faites sous diverses formes par des correspondans européens : comptes courans, tirages à trois mois, réescompte, etc.

Bien que leur fonds social soit, somme toute, peu considérable, ces derniers établissemens prennent une part très importante dans le règlement du commerce intérieur et du commerce international. Les grandes banques que nous avons énumérées limitent presque toutes leur activité aux avances sur titres ou sur marchandises et au commerce des chèques sur l’étranger. Actives, entreprenantes, plusieurs de ces petites banques locales trouvaient moyen, tout en se livrant aux mêmes opérations que leurs puissantes rivales, d’escompter sur une grande échelle le papier commercial et d’alimenter la spéculation des agens de change et autres hommes de bourse. La crise les a naturellement plus ou moins éprouvées ; mais en définitive, envisagée dans son ensemble, la situation des établissemens de crédit nous semble solide. Les exécutions dont fut victime la clientèle de quelques grandes banques, si elles ont été la cause principale de l’effondrement de toutes les valeurs, ont du moins fait cesser l’engorgement et rendu disponibles de grosses sommes immobilisées en avances sur les titres ainsi réalisés de force. Actuellement ces banques disposent d’une encaisse déjà