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culture en Basse et en Haute-Egypte sont dus, pour une part, aux sociétés de crédit foncier et, pour l’autre, aux compagnies fondées en vue d’acheter des terres et de les revendre par lots après les avoir améliorées. La spéculation est aussi indispensable que le crédit aux pays qui n’ont pas encore achevé leur croissance et où l’avenir des placemens est aussi brillant qu’incertain. Malheureusement la juste mesure fut de beaucoup dépassée. Nombre d’imprudens se chargèrent de titres ou de terrains achetés, soit à terme, soit au moyen d’avances faites par les banques, directement ou par l’entremise des agens de change.

Pendant les trois ou quatre dernières années, diverses banques s’établirent ou se développèrent au Caire et à Alexandrie ; d’importantes sociétés de crédit européennes créèrent des agences ou des filiales dans ces deux villes ; des comptoirs privés s’y ouvrirent, dont plusieurs disposaient d’un fonds social considérable. Quelles opérations allaient tenter leur activité ?

L’escompte des effets de commerce, c’est-à-dire le paiement anticipé de créances à court terme contractées à l’occasion de transactions commerciales, est, on le sait, l’opération de banque par excellence, celle qui permet aux banquiers d’utiliser les sommes déposées chez eux, sans risquer de les immobiliser et de se voir dans l’impossibilité de satisfaire aux réclamations des déposans. Quelques-uns des nouveaux établissemens entreprirent ce mode de placement, non sans succès, paraît-il, mais la plupart s’en abstinrent systématiquement. C’est que le papier commercial est très rare dans un pays comme l’Egypte, qui ne connaît d’autre industrie que celle du petit atelier, d’autre commerce que celui d’importation ou d’exportation, et où le crédit commercial ne trouve guère à s’exercer qu’à l’occasion d’opérations de change international, monopolisées par les grandes banques anciennement établies. Aussi bien, la notion de l’échéance, du paiement à jour fixe est étrangère à la plupart des débiteurs égyptiens qui, s’ils souscrivent avec la plus grande facilité des billets à ordre ou des lettres de change, le plus souvent même en dehors de toute opération commerciale, voient, dans ces instrumens de simples reconnaissances de dette auxquelles ils satisfont quand ils le peuvent. Certains commerçans s’engagent sous cette forme en vue de spéculer. Distinguer les bons payeurs des mauvais, mesurer à chaque client le crédit dont il est digne est une besogne très délicate : elle demande