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romains furent dépossédés en 1874 et qui va leur être rendue, est cette belle église toute blanche, que l’on aperçoit à droite quand on sort de la gare de Cornavin. Elle a été bâtie sur un terrain cédé par l’Etat aux catholiques en vertu de la loi de 1850. « Aux catholiques » sans épithète, mais en fait elle fut jusqu’en 1874 en la possession incontestée des catholiques romains. À cette date, les catholiques nationaux réclamèrent l’élection d’une commission administrative pour cette église, par application de l’article 6 de la loi de 1850, ainsi conçu : « A l’avenir, dans tous les cas où les citoyens catholiques de la ville de Genève auront à faire valoir leurs droits de propriété, possession ou jouissance tant dudit terrain que de la nouvelle église et de ses dépendances, à traiter avec l’autorité administrative ou tous autres pouvoirs légalement constitués, au sujet du terrain concédé et de la nouvelle église, en un mot pour tous actes relatifs à la propriété ou à la jouissance de cette église, ils nommeront à ces fins une commission de cinq membres, citoyens du canton et faisant partie de la commune de Genève, pour leur organe légal, en assemblée générale de tous les électeurs catholiques de la ville de Genève. »

On fit droit à la requête des catholiques nationaux. La commission élue leur fut favorable. Ils s’emparèrent donc de l’église. Ils en offrirent, il est vrai, la co-jouissance aux catholiques romains, sachant d’ailleurs fort bien que ceux-ci ne l’accepteraient pas, qu’ils ne pouvaient pas l’accepter. Cette prise de Notre-Dame par les catholiques nationaux fut l’une des causes, je l’ai dit, qui déterminèrent le Père Hyacinthe à résigner ses fonctions de curé de Genève. Or le nombre des catholiques nationaux a tellement diminué à Genève que la restitution de Notre-Dame aux catholiques romains, qui l’ont payée de leur argent, il ne faut pas l’oublier, s’impose aujourd’hui à tous les esprits. Il ne s’agit que de s’entendre sur les conditions de cet acte de justice. M. Rutty avait proposé d’élire une nouvelle commission de Notre-Dame, les membres de celle de 1874 étant morts, et d’appliquer donc cette fois l’article 6 de la loi de 1850 en faveur des catholiques romains. M. Rutty voulait en outre que l’on ne convoquât que les catholiques romains pour cette élection. Précaution fort inutile, semble-t-il, puisque les catholiques libéraux ne sont plus à Genève qu’une infime minorité.

Le grand Conseil a adopté une autre solution. Il a voté, le