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75 millions, le commissaire général s’est arrêté à n’en demander que 55, et tout d’abord, à en émettre une vingtaine seulement, soit une charge annuelle d’environ 800 000 francs ; ce programme sera incessamment présenté aux Chambres.

A quoi sera employée celle somme ? Un premier effort est nécessaire, avant tout autre, pour compléter l’occupation du Congo. Que les troupes soient composées de réguliers ou de miliciens, c’est surtout affaire d’étiquette, si toutefois l’on ne recrute pas les miliciens, parmi les déchets des régimens de tirailleurs ; l’essentiel est que l’effectif des cadres français soit assez nombreux pour que le commandement des blancs s’exerce réellement sur tous les soldats noirs. Ce complément d’occupation n’entraînera d’ailleurs que des frais peu élevés, puisque les concessionnaires sont tenus d’entretenir les troupes qui seraient, sur leur demande, placées dans leurs établissemens ; mais il y aurait lieu de constituer quelques centres de dépôt et de ravitaillement, qui seraient des établissemens publics, entièrement fondés aux frais de l’Etat, et pour lesquels, par conséquent, une dépense d’outillage serait nécessaire. Ces postes pourraient être des foyers d’instruction professionnelle pour les indigènes, étant bien entendu qu’il ne doit pas être question de longtemps d’envoyer des instituteurs au Congo, et que nous aurons déjà beaucoup fait pour les noirs de la forêt en leur apprenant à ne plus mener une vie presque animale. L’extension du réseau télégraphique est très désirable, pour relier les chefs-lieux principaux et, bien que les frais de construction soient élevés dans le sous-bois équatorial, ce sera encore une économie sur les dépenses qu’impose en l’état présent l’imprévu de la pacification.

Nous voudrions qu’une somme notable fût réservée à des explorations et des recherches scientifiques, particulièrement sur les plantes à caoutchouc et l’acclimatation de bêtes de somme. Le caoutchouc peut être exploité en coupes réglées, et déjà certains pays cultivent des arbres à caoutchouc : les indigènes du Congo, trop souvent excités par la concurrence des traitans, coupent ou incisent à mort, coagulent les latex sans soin, les mêlent au hasard et les fraudent ; ils dévastent des peuplemens, magnifiques certes, mais non inépuisables. Les Sociétés sont bien tenues, en principe, de réensemencer en caoutchouc, au fur et à mesure des exploitations ; mais, dans la pratique, cette clause n’est pas appliquée sérieusement et ne peut pas l’être, parce que l’on