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consentie au gouvernement espagnol, il semble qu’en droit le territoire cédé demeure frappé d’une servitude en sa faveur. Les bonnes relations, si heureusement établies entre l’Espagne et la France, permettent d’affirmer que ce litige sera aisément aplani. On pouvait hésiter, au moment où le Muni, à peine connu, n’était guère qu’une expression géographique ; il est aujourd’hui facile de poser les bases d’une transaction équitable et, si les gouvernemens ne voulaient prendre sur eux de trancher ce différend sans lui laisser le temps de s’envenimer, la compétence du tribunal de La Haye ne serait certainement contestée par aucun des intéressés. Ici donc, plus d’incident à prévoir.

Il en est de même, et cette question était plus grave ou du moins plus étendue, quant à la frontière du Cameroun allemand. A plusieurs reprises, sur les hauts affluens de la Sanga, l’imprécision des limites avait été cause de querelles autour de factoreries françaises et allemandes. Les deux gouvernemens conclurent, en septembre 1905, à la nécessité de faire réviser les travaux trop sommaires accomplis en 1900-1901 sur la section méridionale de la frontière allemande, et de les compléter sur la section orientale, de la Sanga au lac Tchad. Le capitaine Cottes, chargé de la première opération, vient de rentrer en France (janvier 1907) et, peu après lui (mars), le commandant Moll, qui était chargé de la seconde. Nous savons déjà que plusieurs points douteux ont été mathématiquement précisés : ainsi il a été reconnu que Missoum-Missoum, où avait éclaté une rixe en 1905, relevait du territoire allemand, mais d’autre part des traitans allemands qui s’étaient avancés fort loin de la frontière, sur le domaine d’une société concessionnaire française, ont dû rappeler leurs agens indûment installés. Les constatations des commissaires devraient décider les deux gouvernemens à nover les traités qui firent jadis au Congo français et au Cameroun une frontière bizarre et incohérente, nullement conforme à la géographie. Nous voulons espérer, en tous cas, que les empiètemens allemands ne se renouvelleront pas dans les districts sûrement français.

L’octroi des concessions dans la région gabonaise avait jadis provoqué les protestations de deux sociétés anglaises possédant des factoreries sur des territoires concédés. Le droit du gouvernement français était incontestable, d’attribuer la jouissance de sa propriété coloniale dans telles conditions qu’il lui plaisait. Le