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locales existant dans quatre États différens fut constituée sous le nom de Ligue nationale, et le premier soin de la Ligue nationale fut de fixer les conditions qu’il fallait imposer aux fabricans, et qui étaient les suivantes :

1° Observation des lois sur la protection des travailleurs ;

2° Défense d’employer des enfans au-dessous de quinze ans ;

3° Aucune personne occupée dans les manufactures ne doit travailler plus de dix heures par jour et de soixante heures par semaine.

4° Les fabriques doivent se soumettre à toutes les enquêtes que mènent les représentans de la Ligue et effectuer les améliorations que demande la Ligue.

À tous les fabricans qui acceptaient ces conditions, la Ligue délivra une marque spéciale, — le label, — qui distinguait leurs marchandises des marchandises fabriquées dans les manufactures non affiliées. Ce label pouvait être retiré, si une enquête prouvait que le fabricant manquait aux conditions acceptées. Au 1er mars 1904, il y avait soixante-deux manufactures inscrites sur la liste blanche, et cinquante-huit ligues de consommation réparties dans vingt et un États. Et la Ligue nationale continue toujours une ardente campagne par des conférences et des expositions d’objets marqués du label. Les Universités féminines, dont certaines contiennent jusqu’à mille étudiantes, sont pour la Ligue de merveilleux agens de propagande. Apres une série de conférences données au Smith Collège, toutes les étudiantes refusèrent d’acheter les corsets d’une manufacture du Connecticut, tant qu’une enquête ne l’eut pas jugée digne d’être sur la liste blanche. Au collège de Wellesley, les élèves décidèrent de ne jamais acheter un vêtement de dessous qui ne serait pas marqué du label et obligèrent ainsi plusieurs magasins de Boston à s’approvisionner dans les manufactures inscrites sur la liste blanche.

Une autre misère sociale, qui était en même temps un redoutable danger, frappa les femmes américaines. Les vêtemens tout faits que vendent les magasins sont fabriqués par des ouvrières en chambre. Du magasin qui vend à l’ouvrière qui coud, il y a toute une série d’intermédiaires, entrepreneurs et sous-entrepreneurs, qui se partagent les bénéfices, si bien que l’ouvrière touche juste quelques sous. Or, en voulant relever les salaires