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cent cinquante élèves et vingt-cinq professeurs ; il y a aujourd’hui neuf cents élèves et quatre-vingts à cent professeurs, même plus, tous jeunes filles ou jeunes femmes des classes aisées ou fortunées qui viennent enseigner l’anglais, l’allemand, le dessin. Les ouvrières, que cinq années de cours ont déjà instruites, donnent elles-mêmes aussi des leçons plus spéciales de comptabilité, de sténographie, de couture, de raccommodage, de broderie. Tous ces cours qui, sauf les cours manuels, ont lieu le dimanche, sont répartis dans différens quartiers de la ville, et dans des locaux prêtés gratuitement ou à peu près. L’inscription est de un franc par cours et par an. Une bibliothèque, ouverte gratuitement à toutes les syndiquées, favorise encore l’instruction des ouvrières. Les cours professionnels, où peuvent se rendre les jeunes filles non syndiquées, sont comme un bureau de recrutement pour les syndicats : ils attirent et retiennent. Une revue, ou plutôt un bulletin : Le Travail de la femme et de la jeune fille, se répand dans le peuple et propage les idées syndicales. Tiré, il y a trois ans, à vingt-cinq numéros, que recevaient vingt-cinq abonnés, il tire maintenant à deux mille exemplaires.

S’il est bon de songer à l’élévation intellectuelle et morale de l’ouvrière, il faut aussi diminuer, sinon supprimer les difficultés matérielles dont la vie lui est prodigue. Le bureau de placement absolument gratuit, la Société de secours mutuels et la Société de consommation sont, parmi les institutions des syndicats lyonnais, celles qui leur donnent le plus de force. L’an dernier, le bureau a reçu 700 demandes de places ou de travail contre 425 offres. Pour la Société de secours mutuels, le taux de la cotisation mensuelle n’est que de 1 fr. 25 par mois, grâce au nombre des membres honoraires, et l’on ne prélève qu’un minime droit d’entrée. En échange, la Société offre les soins gratuits du médecin ; 1 franc d’indemnité journalière pendant les trois premiers mois de la maladie et 0 fr. 50 pendant les trois autres mois, — sans compter la retraite qu’elle pourra sans doute offrir dans une période plus ou moins éloignée. La Société a été approuvée par arrêté ministériel du 11 mai 1903, et enregistrée sous le numéro 365. Mlle Rochebillard a tâché d’orienter les dévideuses et les ouvrières en soie du côté de la Société de secours mutuels de la Soie ; mais en ce moment leurs gains sont si réduits, qu’il leur est impossible de rien prélever sans attaquer