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l’appellent les techniciens, a pour cause le rapide mouvement de rotation du disque obturateur qui, à chaque tour, fait succéder instantanément à l’illumination la plus éblouissante l’obscurité la plus profonde. Aussi, lorsque les images projetées ne présentent pas des contrastes d’ombre et de lumière par trop violens, lorsque, par exemple, elles sont coloriées ou que, pour produire un effet voulu, on a interposé un verre de couleur sur le passage des rayons, le papillotement est très atténué. Au fond, il n’est vraiment insupportable qu’avec la lumière électrique, dont on ne peut se passer, cependant, pour les projections de grandes dimensions ; encore peut-on le diminuer sensiblement, soit par la réduction du temps que met une image à se substituer à la précédente, soit par d’autres artifices mécaniques sur lesquels nous croyons inutile d’insister, mais qui, presque tous, présentent le grand inconvénient de donner lieu à des pertes de lumière assez notables. Et puis, l’expérience le prouve, il disparaîtra tout à fait le jour où les films seront assez bon marché pour qu’on puisse augmenter de façon convenable le nombre des images qu’à l’heure actuelle ils débitent dans une seconde ; il y a donc là une question de prix, pas autre chose. En réalité, ce qui, pour l’instant, nuit le plus au cinématographe, ce qui le rend si fatigant, si monotone, ce qui prive les projections animées de la plus grande partie de leur charme, ce n’est pas le papillotement, c’est l’absence de la couleur et le manque de relief.

On dira qu’on peut colorier les images. Mais, en général, elles sont si réduites, — 19 millimètres de long sur 25 de large, — et l’amplification en est si grande que, sans d’infinies précautions, on n’obtient le plus souvent qu’un assez pauvre peinturlurage. Quant à leur donner une teinte voulue, soit par un procédé chimique approprié, soit par l’emploi de verres colorés, il n’y a rien là, quoique certains effets de nuit soient, parfois, très réussis, de bien artistique : le sujet garde un ton par trop monotone et, malgré soi, on est irrésistiblement entraîné à songer aux braves gens qui, pendant des heures, contemplent la Jungfrau à travers des carreaux rouges, bleus, jaunes, etc. Espérons que les perfectionnemens récens apportés à la méthode Gros et Ducos du Hauron, s’il devient possible de les appliquer au cinématographe, donneront de meilleurs résultats.

Pour le relief, observons qu’en ce qui concerne les objets