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placées les images, en nombre égal à celui des glaces ; quand le tambour tournait, l’œil, placé un peu au-dessus de l’appareil, voyait, pendant un instant, chaque image, juste au moment précis où la glace qui la réfléchissait se présentait devant l’observateur. En 1878, M. Muybridge, pour la synthèse des mouvemens dont il avait fait l’analyse, employait un zootrope, mais un zootrope à projection. Seulement, dans cet appareil, comme dans les appareils imaginés à la même époque par MM. Uchatius, Daguin, Reynaud, etc., les images avaient le défaut d’être peintes d’après les photographies que donnaient les expériences. Il était impossible, en effet, avec les zootropes dont on se servait alors et qui tous avaient l’inconvénient capital de déformer les images en les raccourcissant dans le sens transversal, d’utiliser directement ces photographies. Cela n’avait pas empêché, cependant, dès 1867, Carlet et Mathias-Duval, puis, un peu plus tard, M, Marey de faire usage du zootrope pour représenter soit les mouvemens d’un homme, soit ceux d’un cheval à diverses allures ; des professeurs, Müller entre autres, l’utilisaient aussi pour montrer les états successifs d’une machine en mouvement, faire comprendre les mouvemens ondulatoires dans les tuyaux sonores, etc. Car la cinématographie n’est pas seulement une méthode de recherche, c’est encore, quand il est possible de l’employer, un merveilleux instrument d’enseignement : aussi commence-t-elle à pénétrer dans toutes les grandes Ecoles, les seules, d’ailleurs, où, par la qualité de l’auditoire, elle soit vraiment à sa place. On sait avec quelle tranquille audace un de nos plus éminens praticiens l’a introduite dans l’enseignement de la chirurgie, pour les opérations qui sortent de l’ordinaire. La médecine, elle-même, n’a pas le droit de la dédaigner : n’est-il pas évident, en effet, comme l’a fait observer, un des premiers, W. Chase, que, par exemple, la démarche, les mouvemens désordonnés de certains sujets atteints de maladies nerveuses ne pourront être conservés à titre de documens photographiques que par l’emploi du cinématographe ?

il était réservé à M. Demeny, le préparateur de M. Marey au Collège de France et son collaborateur au laboratoire du Parc des Princes, de porter le zootrope, par l’invention de son Photophone, au plus haut degré de perfection dont cet instrument soit peut-être susceptible. Après avoir reporté sur un disque en cristal une série de 24 photographies d’un orateur prononçant une