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bientôt dans ce lieu-là. Jusqu’à ces derniers temps, l’entreprise me paraissait présenter des difficultés presque insurmontables. Dans l’Académie des sciences morales et politiques, on n’entre que par la présentation d’une section. Les deux sections auxquelles vous appartenez le plus naturellement, la philosophie et l’histoire, me semblaient, par une foule de raisons qu’il serait trop long d’expliquer, avoir des abords peu accessibles. Mais voici un nouvel état de choses qui va nous donner de grandes facilités : nous avons eu, il y a un an, un petit coup d’Etat imperceptible dirigé contre l’Institut, et en particulier contre l’Académie des sciences morales et politiques. On nous a adjoint dix confrères sous le nom de section de politique. Villemain les a nommés la garnison, parce qu’en effet ils sont entrés de force dans la place pour la tenir en sujétion. Comme ces académiciens, très peu académiques pour la plupart, n’ont point été élus, suivant la loi organique et toujours suivie, mais nommés par le gouvernement contrairement à cette loi, nous ne les considérons pas tout à fait comme des confrères, et nous ne leur témoignons pas beaucoup d’égards. Mais le même sentiment ne s’attache point à ceux des membres de cette section qui, à chaque vacance, seront élus. Or, à ladite section vient d’être créé, comme à toutes les autres, un corps de correspondans, dix, je crois, lesquels le gouvernement s’est abstenu de nommer, et qu’il veut bien laisser à l’élection. Il s’agit pour vous d’être un de ceux-là. Si la section vous présente, vous avez la probabilité d’être élu ; car nous vous aurons une majorité dans le sein de l’Académie. Or, les titres demandés pour faire partie de la section politique sont de nature si différente que je ne vois pas quel genre d’étude pourrait empêcher d’y aspirer. Il s’agirait donc d’être présenté par la section. L’intermédiaire naturel auprès d’elle nous a paru, à Rémusat et à moi, devoir être M. Lefèvre. D’Avril a dû vous mander que, d’après notre conseil, il avait vu M. Lefèvre et avait été content de lui. Rémusat est dans des dispositions excellentes. Je retourne à Paris dans quinze jours, et vous pouvez être assuré que je pousserai vigoureusement votre affaire et ferai de mon mieux pour qu’elle réussisse.


24 janvier 1857.

Je vous demande, mon cher ami, la permission de ne point discuter vos théories politiques. Ne pouvant avoir la liberté