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n’occupent pas la place qu’ils méritent par leurs excellens services. On a déjà créé les adjudans principaux, avec pension de retraite de chef de bataillon, comme maximum. Mais ces agens restent toujours en sous-ordre. Un décret présidentiel du 4 mars 1907 leur a donné une satisfaction superficielle en leur accordant le port de l’uniforme des officiers de marine, jusqu’au grade de capitaine de corvette ou chef de bataillon (quatre galons). Mais les adjudans principaux continuent, malgré cette concession extérieure, à n’avoir autorité que sur les marins et militaires n’ayant pas rang d’officier. Il faut les favoriser davantage, leur donner la faculté d’atteindre véritablement le grade d’officier et d’en exercer les prérogatives. En conséquence, il y aurait lieu de créer comme débouché pour la maistrance, un corps d’officiers de côtes, avec assimilation complète, jusqu’au grade de capitaine de vaisseau inclus. (Entrée au choix et à l’ancienneté, sans examen.)

Cette réforme, proposée par un de nos amiraux, assurerait dans des conditions excellentes la stabilité des services à terre, en guerre comme en paix, sans période de transition à l’ouverture des hostilités, quand tous les ressorts sont tendus en vue de la mobilisation. Elle permettrait d’employer exclusivement sur les navires les officiers du cadre actif ; elle apporterait enfin une satisfaction légitime à des serviteurs dignes de tout éloge, et qui sont comme le pivot de notre marine.

D’après les considérations précédentes, non seulement l’organisation d’un Saint-Maixent maritime sur une grande échelle n’est pas à recommander, mais elle est à proscrire, au moins dans notre état social actuel. Pour diverses raisons, ceux qui voient les choses de près ne peuvent tout avouer, mais ils ne me contrediront point si je déclare que l’expérience est probante. Il importe de le proclamer hautement.

Puisse un orateur, dédaigneux de la popularité, mais soucieux du bien public, reprendre les argumens déjà développés à la tribune, avec tant de courage, par M. Chaumet ! Puisse-t-il persuader au Parlement que cette institution n’apportera que déboires aux intéressés et déconvenues à la Défense nationale ! Puisse-t-il enfin développer ce thème avec éloquence ! Engagés sur une voie morte par suite d’un faux aiguillage, nous roulons vers le buttoir. Serrons les freins !


COMMANDANT DAVIN.