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Mais alors, dira-t-on, l’officier de marine sera une encyclopédie vivante ? Point du tout. Ce catalogue comporte des connaissances d’importance diverse, les unes obligatoires, d’autres secondaires, qui accroissent simplement la valeur générale de l’officier. La diplomatie, par exemple, paraît un peu fantaisiste, dans cette énumération. Pourtant, ce terme prend une réelle valeur, quand on confie une négociation au commandant d’un navire. Même par ce temps de câbles sous-marins, le cas est fréquent, et nos officiers de marine, appelés à seconder, parfois même à suppléer l’action diplomatique, font bonne figure dans cet emploi un peu en dehors de leurs attributions ordinaires.

Ces notions indispensables ou accessoires se superposent, je le répète, aux principes scientifiques, qui doivent en former la base inébranlable, le pivot rigide. Tout en restant marin, l’officier moderne, devenu presque un savant, élargit de jour en jour le cercle de ses connaissances.

Les officiers de marine se recrutent : par l’École polytechnique ; par le Borda ; par le rang (École des élèves-officiers).

L’École polytechnique en donne deux ou trois par an. Le Borda les fournit en très grande majorité ; et, en bonne logique, on devrait encourager cette institution et en favoriser le développement. Or, qu’a-t-on fait depuis quelques années ? On a d’abord abaissé le niveau des examens d’entrée ; on a élevé la limite d’âge ; enfin, on réduit peu à peu le nombre des admissions : de 100, ce chiffre est tombé, par bonds successifs, à 80, à 70, à 50, à 48, à 45.

En revanche, on augmente le nombre des candidats à admettre à l’École des élèves-officiers, en dépassant notablement la proportion établie par la loi. En 1905, 50 élèves entrent au Borda, contre 21 à l’École des élèves-officiers.

En 1906, on n’admet plus au Borda que 45 élèves (chiffre des prévisions) contre 35 sous-officiers à l’École des élèves-officiers.

Remarquez qu’à partir de cette année même, jusqu’en 1916, l’Académie navale de Kiel recevra 176 élèves par an. D’autre part, le Japon a reçu, à l’École navale, 183 élèves en 1904, et il continue.

M. Lockroy et l’amiral Bienaimé ont questionné M. Thomson sur le nombre vraiment dérisoire de candidats à recevoir à l’École navale en 1906. Voici la réponse du ministre :

« Le chiffre de 35 élèves entrés à l’École des sous-officiers de Brest