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Il a subi jeune et joyeux la froide étreinte
Qui nous force, éperdus de crainte,
A sonder les secrets du sort ;
Aux bois chanteurs, au ciel paré d’astres sans nombre,
Il voit dans l’ombre
Planer la mort.


L’OMBRE DES OLIVIERS


Vos branches, oliviers, ont laissé sur mon cœur
Une ombre lumineuse, une clarté changeante ;
La voix de vos rameaux que chaque souffle argenté
L’a rempli pour jamais de joie et de langueur.

Vos feuilles frémissaient sur le front du vainqueur
Au stade d’Olympie, aux temples d’Agrigente,
Tandis que butinait l’abeille diligente,
Que les vierges dansaient aux chants rythmés du chœur.

Mais vous fûtes témoins du suprême mystère,
Arbres qui frissonniez au jardin solitaire !
Vous gardez la pâleur et les échos sacrés

D’une plainte sublime et d’une aube infinie,
Et je vous ai d’abord aimés et vénérés
Pour avoir contemplé la divine agonie.


VEGA.