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moment viendrait peut-être où ceux-ci se croiraient obligés de répondre à la violence par la violence, et l’on verrait alors que l’ « Organisation » n’est ni détruite, ni découragée. La Macédoine reste donc, aujourd’hui comme hier, un danger pour la paix de l’Europe, un foyer d’où l’on peut toujours craindre de voir se propager l’incendie ; aujourd’hui comme hier la même question se pose. Où est la solution ?

Examinons d’abord, pour les écarter plus vite, deux hypothèses.

La première est celle d’un retour au pur régime turc. Les agens civils, les officiers européens, les conseillers financiers ne sont, on le sait, engagés que pour un temps très court, deux ans ; une première fois, lors de la manifestation navale de Mételin, l’Europe a obtenu la prolongation de leur mandat pour une égale durée. Ce délai passé, quitteront-ils la Macédoine ? Évidemment non. Leur entreprise est une œuvre de longue haleine qui n’est qu’à son début. Actuellement, si les officiers de gendarmerie européenne, si les organes divers du contrôle européen venaient à abandonner le pays, ce serait le signal d’un épouvantable massacre ; la tuerie ne serait pas moins affreuse si les Turcs et les agens européens venaient à quitter en même temps la Macédoine : les chrétiens s’extermineraient entre eux jusqu’à épuisement complet. Dans l’état actuel de la Macédoine, il est impossible d’admettre de pareilles hypothèses. Ces termes de deux ans ne sont que des expédiens diplomatiques destinés à sauvegarder en principe l’intégrité de la souveraineté du Sultan : il s’agit évidemment d’en gage mens renouvelables, et il est à espérer que le gouvernement turc le comprendra sans qu’il soit besoin qu’une escadre internationale reparaisse dans la mer Egée. En demandant pour sept ans le consentement des puissances à l’augmentation des droits de douane, il s’est implicitement engagé à maintenir, au moins pendant cette durée, le personnel des réformes. L’Europe, quand elle a entrepris la politique des réformes, s’est obligée elle-même à la mener à bien ; elle s’est reconnue responsable vis-à-vis des populations macédoniennes et elle ne peut se dispenser d’aller jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à ce qu’elle ait organisé en Macédoine un régime où toutes Les populations trouvent des conditions acceptables de vie et de travail. Elle n’a plus le droit d’abandonner son entreprise ou d’y échouer, parce que sa tentative même a donné aux populations