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Dans le même intervalle, sur tous les chemins de fer, l’accroissement du trafic a été constant :


Voyageurs Tonnes Liv. turques
Chemins de fer orientaux 1316 (1900) 166 934 146 845 132 771
(Ligne de Salonique-Mitrovitza et frontière serbe 1321 (1905) 222 156 237 553 186 372
Ligne 1316 190 763 88 333 75 568
de Salonique-Jonction 1321 210 182 96 366 86 907
Ligne 1316 112 309 63 162 66 356
de Salonique-Monastir 1321 161 383 83 619 90 917

Enfin la rentrée des impôts, l’année dernière, a accusé une plus-value de 15 pour 100 ; le rendement des impôts indirects, perçus par le service de la Dette publique, est passé de 218 410 livres turques, pour l’exercice 1310, à 239 037 pour 1320 et à 280 990 pour 1321. (L’impôt du timbre s’est ajouté cette année-là aux revenus perçus par la Dette.)

Cet essor, encore timide, suffit cependant à indiquer ce que pourrait devenir la prospérité du pays si elle n’était paralysée par les violences des uns et l’inertie des autres.

Nous trouverons une autre preuve, et plus convaincante encore, du désir des paysans macédoniens d’échapper aussi bien au terrorisme des bandes qu’à l’oppression turque, dans le très curieux développement qu’a pris en ces dernières années l’émigration vers l’Amérique. Les Macédoniens n’y vont pas chercher une nouvelle patrie, mais, au contraire, les moyens de vivre en paix sur leur vieux sol natal. Le phénomène, encore peu connu, vaut la peine d’être étudié.

Depuis longtemps des Macédoniens allaient chaque hiver travailler à Constantinople ou dans les villes de la Méditerranée orientale ; mais c’est seulement en 1901 que quelques paysans du village de Buf (caza de Florina, vilayet de Monastir) eurent l’idée d’aller chercher fortune en Amérique. Le succès répondit à leurs espérances ; ils appelèrent leurs parens, leurs amis ; de proche en proche la fièvre d’émigration gagna, stimulée par les agens des Compagnies de navigation. Aujourd’hui, presque tous les villages des cazas de Florina et de Kastoria ont quelques-uns de leurs habitans au-delà de l’Atlantique : en 1900, 3 000 sont partis par la Compagnie française transatlantique et 2 000 par les autres Compagnies. La très grande majorité vont aux Etats-Unis, presque tous à Granite-City, près de Saint-Louis (Illinois).