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atmosphère anhydre que dans un climat humide. Le fait a été prouvé par des expériences multiples.

Dans le Wisconsin, 200 litres d’eau produisent 500 grammes d’élément solide ; tandis que, pour obtenir le même poids de matière consistante dans les sables arides de l’Utah, il faut près du double de liquide. Beaucoup d’autres causes, telles que la qualité de l’air, la rapidité du vent, augmentent ces différences du rendement aqueux ; surtout lorsqu’il s’agit d’un arrosage dont l’effet utile est toujours en partie perdu. Le sol irrigué du Colorado, pour faire pousser une livre de froment, absorbe 2 000 litres d’eau, pendant que 200 litres, aux îles Hawaï, suffisent à produire une livre de sucre de canne.

En même temps que la culture à sec se développait, il a été reconnu que le système ne pouvait suffire à tous les besoins ni dans tous les terroirs. Rien ne peut rendre l’aspect désolé de ces maisons de ferme, perdues sous une couche de poussière au milieu des campagnes mortes, sans un pouce d’ombre ni de gazon au fort de l’été. Les cultivateurs qui, dans les hauts plateaux, ne peuvent recourir à l’irrigation, ont foré des puits de 15, 30 et 90 mètres, où des pompes, mues par le vent, puisent sans relâche et parviennent à arroser de 40 à 400 ares chacune. Le coût varie de 10 à 30 francs pour un hectare dont la récolte oscille entre 150 et 2500 francs, suivant qu’il s’agit d’alfa ou de patates, dont les Américains sont friands.

Dans des terres sèches de Californie, où le rendement du blé allait déclinant et tombait à 12 hectolitres à l’hectare, on a essayé l’arrosage artificiel. Une pompe de deux chevaux-vapeur, consommant 2 fr. 50 de combustible par jour et marchant sans interruption de juin à septembre, humecta 40 ares dont le revenu brut en melons et en fraises, en tomates et en choux, s’éleva à 6 000 francs. La Californie, bien entendu, offre un sol exceptionnel ; mais, au Texas, des terres irriguées à la pompe se louent 312 francs l’hectare, en sus des frais de pompage que le locataire prend à sa charge. Il est vrai que ce locataire recueille de 1 250 à 2 500 francs par an de patates.

Dans le Washington, à l’autre extrémité de la République, les patates, sur un hectare mouillé par le même procédé, ont donné 5 000 francs par an. Il existe dans le Colorado des pompes qui arrosent jusqu’à 20 hectares. La dépense est de 250 francs par hectare, mais le rendement en betteraves est de