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procédé de l’honorable député d’Hazebrouck aboutît fâcheusement, — l’arrondissement étant conservé comme unité électorale, — à accroître encore l’inégalité entre les petits et les grands ou moyens, sinon les très grands arrondissemens, son dessein aussi et son désir étaient pareils : réduire le nombre des députés.

Désir et dessein furent partagés par la Commission chargée l’examiner les propositions. Un échange de vues, poussé presque jusqu’à l’adoption d’un texte et à la désignation d’un rapporteur, put éclairer chacun de ses membres sur l’opinion identique de tous les autres. Le seul scrupule de soumettre à la Chambre un texte incomplet, qui fût moins une loi qu’un vœu ou une simple affirmation et, d’autre part, la nécessité où elle savait être, quand elle rapporterait le vrai projet de réforme électorale, — celui qui changerait le mode de scrutin, — de fixer le nombre des députés en déterminant la base numérique de la représentation, firent hésiter la Commission et l’arrêtèrent au dernier moment, sans que fût en rien affaiblie sa conviction de l’avantage qu’il y aurait à ramener ce nombre de 591 à un chiffre sensiblement inférieur. Et elle allait d’ailleurs se trouver une fois de plus saisie de la question par le renvoi qui lui était fait ce même jour, 30 novembre, — le jour où furent votés les crédits, — du projet de résolution suivant : « La Chambre invite le gouvernement à déposer le plus tôt possible le projet de réforme électorale annoncé dans la déclaration ministérielle du 5 novembre 1906, avec réduction du nombre des membres du Parlement[1]. »

Ainsi tant d’indications concordaient : trois propositions de loi, un projet de résolution, un empressement spontané et comme une émulation à les couvrir de signatures ; l’avis nettement exprimé de la commission compétente ; par-ci, par-là, même avant que l’occasion eût été donnée à chacun de se déclarer, quelques allusions, discrètes encore, il est vrai, dans les programmes et engagemens électoraux, et non pas seulement sous la plume de candidats qu’on s’est habitué à traiter, avec un demi-sourire, de « théoriciens, » mot poli pour laisser entendre

  1. Projet de résolution concernant la réforme électorale et la réduction du nombre des membres du Parlement, présenté par M. Charles Benoist, député. Annexe au procès-verbal de la 2e séance du 30 novembre 1906. Chambre des députés, neuvième législature, session extraordinaire de 1906, n° 500.