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l’an 39, tous les enfans de sa famille que la révolution avait privés de leur père : les deux fils de Livie, Tibère, dont nous avons déjà parlé ; son frère, plus jeune, Néro Claudius Drusus, né en l’an 38 ; les cinq fils que sa sœur Octavio avait eus de Marcellus et d’Antoine, à savoir les deux Marcellæ, le Marcellus qui accompagnait Auguste en Espagne, les deux Antoniæ, qui étaient nées avant que le triumvir n’eût abandonné son épouse latine pour Cléopâtre ; le fils d’Antoine et de Fulvie qui devait avoir à peu près le même âge que Tibère, et dont on avait changé le nom en celui de Julius Antonius ; enfin les trois enfans qui restaient de Cléopâtre et d’Antoine : Cléopâtre Séléné, Alexandre Hélios et Philadelphus[1]. Sur ces douze enfans, les neuf premiers, qui n’avaient dans les veines que du pur sang romain, étaient déjà soumis par Auguste à la règle de l’éducation traditionnelle, les filles tissant la toile et les jeunes gens allant de très bonne heure à la guerre. Bien qu’ils fussent instruits avec soin, garçons et filles, dans la littérature et la philosophie, le princeps cependant ne voulait porter d’autres loges que celles qui étaient tissées chez lui, par ses femmes, comme les grands seigneurs de l’époque aristocratique[2]. Il voulait en outre jeter de bonne heure les garçons dans la vie active, et tempérer l’action de leurs études par des occupations qui développeraient leur énergie. Quant aux trois derniers, qui étaient les bâtards d’un grand Romain dévoyé et d’une reine asiatique, Auguste semble avoir voulu les conserver auprès de lui, pour en faire les instrumens dynastiques de sa politique orientale. Il tâchait peut-être déjà de se servir de la petite Cléopâtre pour réorganiser la Mauritanie qui avait été annexée par César. Auguste en effet songeait à y établir la dynastie nationale, en replaçant sur le trône de Juba le fils du roi vaincu par César, qui avait été élevé à Rome et qui avait reçu une éducation gréco-romaine ; mais, en même temps que le royaume, Juba recevrait Cléopâtre pour femme[3].

En Gaule, Auguste s’arrêta à Narbonne où il trouva les notables de toute la Gaule, qui sans doute avaient été convoqués[4]. Il vit ainsi venir à lui tout ce qui restait encore de la

  1. Bouché-Leclercq, Histoire des Lagides, Paris, 1904, II, p. 360.
  2. Suét., Aug., 73.
  3. Bouché-Leclercq, Histoire des Lagides, Paris, 1904, II, p. 361.
  4. Liv., Épit., 134 ; le conventus dont parle Tite-Live fut sans doute un congrès des notables de la Gaule.