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la date du 17 juillet en laissant entendre qu’il n’y tenait pas : ce qu’il avait laissé entendre, M. Clemenceau l’a dit très formellement. M. Clemenceau a posé, il est vrai, la question de confiance, mais sur les dates antérieures au 12 juillet, qui ne devaient rallier qu’une infime minorité : aussi s’est-il montré sur ce point intraitable et a-t-il brillamment enfoncé une porte ouverte. Après quoi, il a déclaré, non sans provoquer quelque surprise, qu’il laissait la Chambre juge de choisir le 12 ou le 17 juillet : inutile de dire qu’elle a choisi le 12. Mais si on pouvait indifféremment adopter l’une ou l’autre de ces deux dates, pourquoi le gouvernement n’a-t-il pas lui-même indiqué la première ? Pourquoi a-t-il donné ce spectacle de tâtonnement et de faiblesse ? Pourquoi a-t-il eu l’air d’abdiquer au profit de la Chambre dans une affaire où la décision lui appartenait ? Pourquoi a-t-il donné à la majorité, étonnée et même un peu confuse de sa victoire, l’impression que la haute administration et la direction militaires étaient entre ses mains ? Avec un pareil régime, que deviendra notre armée ? Nous ne tenons pas nous-même plus qu’il ne convient à la date du 17 juillet plutôt qu’à celle du 12 ; mais nous tenons à avoir un gouvernement qui, surtout en pareille matière, sache ce qu’il veut. Il est évident que nous ne l’avons pas. On a cru que le ministère s’était d’abord arrêté à la date du 17 juillet parce qu’il aurait désiré que les soldats de la classe de 1903 figurassent à la revue du 14 juillet. Si cela est, pourquoi ne l’a-t-il pas dit avec force ? Pourquoi n’a-t-il pas affirmé que c’était un honneur pour des soldats, avant de rentrer dans leurs foyers, de prendre part, à côté de leurs camarades, à une manifestation militaire qui fait partie de la fête nationale ? Il a paru embarrassé d’avoir eu cette pensée et en rougir un peu, comme s’il croyait que l’armée n’était pas toujours bonne à montrer, que la revue du 14 juillet n’était en somme qu’une vaine parade, et que la fête nationale n’était plus que la manifestation d’un symbolisme naïf et suranné. Quand un gouvernement en est là, ne mérite-t-il pas qu’à l’exemple de M. Marcelin Albert on dise de lui : Qu’il s’en aille ? La Chambre, au contraire, lui a dit de rester, puisqu’il voulait bien être de son avis.

Après la classe de 1903, celle de 1904 : M. Klotz a demandé à M. le général Picquart à quelle date il l’enverrait en congé. Nous ne nous attarderons pas à cette discussion qui n’a pas été beaucoup plus honorable que la précédente pour le gouvernement et pour la Chambre : on a pu y avoir un avant-goût de l’âpre acharnement avec lequel la Chambre actuelle et les Chambres futures demanderont au ministre