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invariablement, en raison directe de la rareté des pluies. L’Irlande, le plus humide des trois royaumes, est aussi le plus pauvre en faune indigène : et l’on a vainement essayé d’y acclimater maintes espèces qui s’accommodent parfaitement des climats plus secs de certaines régions d’Angleterre ou d’Ecosse. Aux environs de Londres, un été pluvieux a toujours pour effet de dévaster les prairies et les bois. Les papillons deviennent très rares, des milliers de jeunes oiseaux périssent dans leurs nids ; et toute sorte de maladies qui ne se voient qu’alors détruisent lièvres et lapins, veaux, agneaux, et poulains. Les rats eux-mêmes souffrent de la pluie, et jusqu’aux poissons : car l’eau du ciel refroidit la surface des eaux, dans les rivières et les mers, endommageant à la fois les embryons des poissons et les alimens dont ils auraient à vivre.

Dans un autre chapitre, Cornish nous entretien de la Soif des oiseaux, et des diverses façons dont ils se désaltèrent. A l’opposé de certains mammifères, qui ont réussi à pouvoir se passer d’eau pendant assez longtemps, tous les oiseaux, sans aucune exception, sont contraints de boire une ou plusieurs fois par jour, à des intervalles à peu près réguliers. L’été, ils boivent trois fois : le matin vers neuf heures, aux environs de midi, et, le soir, avant de rentrer dans leur nid. Ceux qui habitent des régions sèches font d’énormes voyages pour se désaltérer. « Entre les marécages d’Orford, sur la côte du Suffolk, et le beau vieux parc de Campsea Ash, s’étend la lande désolée et sauvage de Tunstall, que traverse un chemin. Dans un creux, tout auprès du chemin, se trouve une mare, qui ne se dessèche entièrement que dans les saisons très chaudes. À cette mare accourent, de toutes les parties de cette contrée nue, des oiseaux de toutes les espèces. Chacun arrive seul, descend jusqu’à l’eau, boit à plusieurs reprises, et puis s’en retourne vers sa demeure propre. Lorsque la mare se dessèche, les oiseaux y viennent encore, pendant quatre ou cinq jours, pour voir s’ils n’y trouveront pas un peu d’eau ; et, n’en ayant point trouvé, ils errent tristement autour de la mare, se demandant sans doute vers quel autre endroit ils vont pouvoir aller. » Sur les dunes de la côte anglaise, chaque soir de la fin de l’été, des centaines de corneilles s’installent en de longues rangées, entremêlées à une foule, non moins nombreuse, de petits étourneaux : ils attendent le départ des troupeaux qui paissent là, pour boire le peu d’eau qu’auront laissée les moutons. Et lorsque le berger donne enfin le signal du départ, les étourneaux s’abattent sur le dos et la tête des moutons, afin d’être ainsi plus près des seaux : tandis que les