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intérêts du Trésor, ce n’est pas seulement une fausse économie, ce serait une mauvaise gestion des intérêts financiers de l’État[1]. »

Dans cette immense association de l’intérêt général et des intérêts particuliers, qu’englobe la question de l’aménagement, tout doit marcher de front. Depuis bientôt un demi-siècle, le service forestier travaille courageusement à la restauration en montagne, et son effort est menacé d’impuissance parce qu’il reste isolé ; il se forme plus de torrens qu’on n’en corrige, il se détruit plus de bois qu’on n’en crée. Il faut absolument, pour sortir de cette impasse, mettre en jeu tous les élémens susceptibles de participer à cette transformation grandiose.


Les opérations de mise en valeur des régions incultes, dont les Landes, la Sologne et les Dombes fournissent en France les exemples les plus encourageans, ont toujours abouti par le concours des capitaux et des initiatives éclairées.

Ce concours est également indispensable pour achever l’aménagement des montagnes et le développement des richesses forestières de France.

Il faut diriger vers le reboisement l’orientation des capitaux, — dont l’abstention avait fait échouer les lois de 1860 et 1882, — par l’adoption des lois proposées pour la soumission volontaire au régime forestier et l’élargissement du cadre des propriétaires impérissables. Ces capitaux, que les compagnies d’assurances, les mutualités, les associations possèdent en quantité suffisante, tendront tout d’abord à assurer la conservation et l’extension du domaine forestier, qui sont les catégories les plus rémunératrices du reboisement ; et il appartient à l’Etat d’agir, par son exemple et ses encouragemens, pour les faire contribuer à la préservation en montagne, plus urgente encore : par son exemple, en imprimant une activité nouvelle à ses travaux ; par ses encouragemens, en augmentant le crédit des subventions pour seconder les initiatives de tout genre.

Il ne suffit pas, pour vaincre l’indifférence générale en pareille matière, de montrer sous toutes les formes la grandeur et l’imminence des dangers résultant du déboisement. Il importe surtout de rassurer la conscience du public en lui faisant voir bien nettement qu’on l’appelle, non pas à intervenir entre des

  1. Chambrelent, op. cit.