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montagneuses quand les méthodes inaugurées par l’Association y auront aplani les difficultés de la transition.

Grâce à de nombreux concours, aux subventions de l’Etat et d’un grand nombre de départemens, de villes, de Chambres de commerce ou de sociétés, l’Association, qui a pour devise : « Sauver la terre de la patrie, » a pu développer son action ; sa location de 1904 évinçait 3 000 moutons transhumans de la vallée d’Aure, celle de 1905 en a supprimé 6 000 dans la vallée d’Ossau. A la suite des Congrès de l’aménagement des montagnes, réunis à Bordeaux, en 1905, et à Pau, en 1906, l’Association a montré aux congressistes les plantations, les pépinières, les chemins, les champs d’expérience créés dès la première année sur son territoire d’essais[1].

L’Association centrale s’est attachée par de nombreuses publications à instruire les populations pastorales de leurs véritables intérêts, à étudier des solutions pratiques dans diverses régions et à orienter les capitaux vers le reboisement pour conserver à la montagne sa terre et ses habitans.

Des opérations d’une aussi grande utilité ne pouvaient être limitées aux Pyrénées, mais l’administration de sections éloignées opérant dans des milieux où les mœurs et les conditions économiques diffèrent considérablement eût compliqué outre mesure l’œuvre de l’Association. Son dévouement a heureusement suscité des imitateurs et le commandant Audebrand a fondé en 1906 l’Association dauphinoise pour l’aménagement des montagnes qui, suivant les mêmes principes, a supprimé la transhumance sur un territoire de 2 000 hectares pris en location sur les pentes du mont Pelvoux. Les deux associations sont unies par une fédération dont le cadre doit s’élargir par l’adjonction de plusieurs sociétés forestières.

Le principe de la solidarité entre le pâturage et la forêt, qui avait conduit à la formation des associations pour l’aménagement des montagnes, a trouvé une éclatante confirmation dans une création de l’initiative individuelle. M. le marquis d’Aulan applique depuis 1905, sur ses propriétés de la Drôme, le reboisement en damier[2], qui consolide le sol par l’arbre sans gêner

  1. Un Congrès international de l’Aménagement des montagnes s’ouvrira à Bordeaux le 19 juillet 1907.
  2. Marquis d’Aulan, Amélioration des cours d’eau en montagne. Avignon, 1905 ; Imprimerie J. Roche et Rullière.