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forestière des Amis des arbres le 12 novembre 1902[1]. »

C’est maintenant par millions que se comptent les arbres plantés par les scolaires forestières.

M. Audiffred s’est également attaché à faire comprendre aux montagnards de la Loire les bienfaits d’un reboisement judicieux précédé d’améliorations pastorales, et a récemment développé au Sénat[2]les méthodes employées à cet effet.

Des ingénieurs et des touristes, justement émus de la dégradation toujours grandissante des montagnes et des obstacles que le reboisement rencontrait chez les populations pastorales, ont procédé à une étude approfondie de la situation économique en commençant par les Pyrénées[3]. D’après le mouvement de la population et les statistiques agricoles, ils ont discerné, au milieu d’incidens multiples, que les montagnards étaient ruinés par la transhumance qui avait retourné contre eux la situation pastorale. Le berger, trop fidèle aux pratiques contemporaines d’Abraham qui lui font chercher ailleurs des pâturages pour son bétail, voit maintenant arriver d’ailleurs d’innombrables troupeaux pour disputer aux siens leur maigre pâture, et les voit arriver d’autant plus nombreux que les plaines qui l’entourent sont plus riches ; l’exagération de la quantité de bétail a entraîné la dégradation des pelouses et la diminution des ressources qu’elles offrent au pâturage.

Les populations de la montagne ne peuvent rien pour sortir de cette situation déplorable ; enserrées dans un inextricable réseau de difficultés par l’indivision de la propriété et la vaine pâture qui entraîne rapidement la destruction, réduites à l’impuissance par la pénurie de leurs budgets, elles ne pourraient attendre le salut que d’un concours extérieur, et jusqu’alors, tous les moyens employés ailleurs pour la mise en valeur des terres incultes, vente, location emphytéotique, concours de l’État ou du Crédit foncier, étaient restés lettre morte.

Dans ces conditions déconcertantes, le mal même de la transhumance a fourni un remède à ses méfaits ; on a imaginé

  1. Th. Janvrais, les Arbres de la Mutualité et leurs ancêtres. Bordeaux, 1906 ; librairie de la Mutualité.
  2. Journal officiel du 19 janvier 1907.
  3. Paul Descombes, Étude sur l’Aménagement des montagnes dans la chaîne des Pyrénées. Bordeaux, 1905 ; Furet et fils. Deuxième édition précédée d’une introduction par M. Bouquet de la Grye, de l’Institut.