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LA DÉFENSE DES MONTAGNES

Depuis un demi-siècle, la France travaille sans relâche au reboisement de ses montagnes : on a fait loi sur loi ; l’État a dépensé près de cent millions ; ses travaux sont admirés du monde entier ; toutes les puissances étrangères les ont imités et, malgré cet immense effort, le reboisement diminue au lieu de s’accroître ; les montagnes sont de plus en plus dénudées, les inondations de plus en plus désastreuses, les plaines de plus en plus desséchées, les rivières de moins en moins navigables et, pour combler la mesure, l’approvisionnement de houille blanche est de plus en plus compromis.

Il semble qu’il y ait là un paradoxe économique, et il convient d’étudier attentivement les causes de cette situation pour chercher à y remédier. Les travaux d’aménagement correspondant à la régularisation du régime des eaux, tant en plaine qu’en montagne, peuvent être rangés dans quatre catégories : en montagne, des mesures de restauration s’imposent pour remédier aux dangers existant dans les périmètres des torrens ; des mesures de préservation pour garantir le reste de la zone montagneuse contre la dénudation et l’érosion ; en plaines et sur les coteaux, il est urgent de prendre des mesures de conservation pour maintenir et améliorer les bois, des mesures d’extension du sol forestier pour reboiser une partie des terrains improductifs.


L’AMÉNAGEMENT EN MONTAGNE

Le premier cri d’alarme fut poussé par Surell, dans sa remarquable Étude sur les torrens des Hautes-Alpes, publiée en 1841 par les soins du ministère des Travaux publics.