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revanche, le plus de représentans des carrières dites libérales et, tranchons le mot, le plus d’avocats. Aussi l’influence appartient-elle uniquement aux plus éloquens ; ce sont eux qui deviennent ministres et, pour aggraver encore cette situation, le partage des portefeuilles, lors des remaniemens de cabinet, s’opère en reléguant au dernier rang les ministères de l’Agriculture et du Commerce ! Dans ma carrière déjà longue, j’ai vu, maintes et maintes fois, pour donner satisfaction à quelque groupe secondaire de la Chambre ou du Sénat, nommer ainsi au ministère du Commerce des hommes qui, certes, avaient une grande valeur comme médecins ou avocats, mais qui étaient fort peu familiarisés avec leur nouvelle charge et auxquels il fallait, à tout le moins, un certain délai pour s’y trouver à l’aise. Ajoutez que ce délai a été pendant longtemps incompatible avec l’instabilité ministérielle si fréquente durant la première période du régime républicain et qui, heureusement, tend à se modifier. Ayant ainsi fait le procès de la manière de procéder en pareil cas, je n’en suis que plus heureux de pouvoir dire que plusieurs de ces ministres du Commerce se sont trouvés être des hommes remarquables ; nous allons nous en convaincre en énumérant maintenant ce qui a été fait par eux.

La République n’avait à son avènement que fort peu d’institutions publiques où l’on s’occupât des intérêts généraux du commerce et de l’industrie. Nous ne parlerons que pour mémoire des Chambres consultatives des Arts et manufactures, tant elles avaient et ont encore peu d’importance pour le commerce extérieur. Etablies en vertu de la loi du 22 germinal an IX, elles ont uniquement pour attributions de faire connaître les besoins et les moyens d’amélioration des manufactures, fabriques, arts et métiers. N’ayant pas de ressources propres, leur rôle est plutôt platonique.

Les Chambres de commerce ont rendu de tout temps de grands services ; mais, sous l’Empire, elles étaient purement consultatives et n’avaient point comme aujourd’hui l’initiative et la direction de grands travaux ou d’institutions d’intérêt général. Il leur était même interdit de se grouper ou de se concerter entre elles ; c’était par l’entremise du ministre du Commerce que devait s’exercer leur action. Aujourd’hui, heureusement, elles ont la faculté de se réunir en assemblées générales, sous la présidence de la Chambre de commerce de Paris, et elles peuvent