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Nous sommes encore loin d’avoir atteint la limite des améliorations dont est susceptible notre sol si fertile ; on peut constater toutefois que le gouvernement et les Sociétés savantes répandent de plus en plus les enseignemens théoriques comme les encouragemens effectifs, et font de grands efforts pour développer les associations et les syndicats d’agriculteurs. Il n’était que temps, car nous sommes fortement battus en brèche par nos rivaux pour les beurres, les fruits et même les vins.

Notre meilleur champ d’activité demeure la production de tous les articles dans la confection desquels il entre de l’art ou du goût. Nous sommes incontestablement le peuple qui a le sentiment artistique le plus développé, et nous savons l’appliquer à toutes les choses qui nous entourent ou qui sortent de nos mains. Notre rôle dans le commerce mondial est donc tout indiqué : nous devons donner nos meilleurs soins au développement des industries, grandes et petites, qui exigent ou même seulement comportent une part, ne fût-ce qu’une parcelle d’art ou de ce je ne sais quoi qui constitue ce qu’on appelle le chic et qui préside à la mode ! C’est à la France que l’on s’adresse lorsqu’on veut de la « première qualité : » on la trouve non seulement dans nos objets de luxe proprement dits, tels que nos modes et fleurs, nos confections pour dames, notre lingerie, notre orfèvrerie, nos ouvrages en peaux ou en métaux et nos articles de Paris en général, mais aussi dans nos tissus de soie, de laine, de coton, dans nos faïences et verreries, nos produits chimiques, nos machines et outils, notre carrosserie et, « last, but not least, » dans notre belle industrie nouvelle, celle de l’automobile. C’est avec joie que nous saluons au passage cette dernière manifestation de notre génie national et que nous enregistrons comme progression intéressante les chiffres de 71 millions en 1904, 101 millions en 1905, 138 millions en 1906.

Pour le développement de toutes ces industries de luxe qui semblent plus particulièrement adaptées aux qualités de notre race, nous sommes admirablement secondés par notre climat si tempéré et si agréable, par l’affabilité de nos mœurs, par l’attrait incomparable que notre pays exerce sur tous les étrangers. Assise sur les mers les plus fréquentées du globe, sur les routes directes qui d’Amérique conduisent au Vieux Continent et d’Europe en Orient, la France est l’étape à laquelle les voyageurs s’attardent le plus volontiers. Elle attire en outre directement des quantités