Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 39.djvu/878

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

reste à faire. Le sujet est vaste et complexe ; pour oser l’aborder, il faut nous réfugier sous l’égide de Pasteur et de l’admirable discours qu’il fit à l’occasion de son soixante-dixième anniversaire. S’adressant aux jeunes gens, il leur dit : « Quelle que soit votre carrière, ne vous laissez pas atteindre par le scepticisme dénigrant et stérile, ne vous laissez pas décourager par les tristesses de certaines heures qui passent sur une nation. Dites-vous d’abord : Qu’ai-je fait pour mon instruction ? Puis, à mesure que vous avancerez dans la vie : Qu’ai-je fait pour mon pays ? Vous aurez peut-être ainsi l’immense bonheur de penser que vous avez contribué en quelque chose au progrès et au bien de l’humanité. Mais que les efforts soient plus ou moins favorisés par la vie, il faut, quand on approche du grand but, être en droit de se dire : J’ai fait ce que j’ai pu ! »


I

La France n’est pas un pays minier proprement dit et elle ne possède point de voies de transport à bon marché. Ses fleuves et ses canaux sont insuffisans ou incomplètement aménagés et les quelques bassins de houille et de fer qu’elle possède et qui, certes, ne sont pas à dédaigner pour sa propre consommation, sont situés trop loin des ports de mer. Nous ne sommes donc point appelés à faire le commerce d’exportation ou de transit des matières lourdes. Il nous manque de ce fait un élément considérable de commerce international et surtout d’échanges maritimes. Nous ne pouvons malheureusement que le constater et nous devons nous incliner en portant nos efforts vers les autres branches d’activité industrielle pour lesquelles nous sommes plus favorisés.

Nous n’avons pas à nous plaindre au sujet des produits agricoles ; nous ne produisons pas, il est vrai, un article d’exportation comparable à ce que sont le colon pour les États-Unis et l’Egypte, les céréales pour l’Amérique du Nord et la République-Argentine, la laine pour l’Australie et la Plata, le café pour le Brésil ; mais outre le vin et les eaux-de-vie dont nous exportons pour environ 300 millions par an, nous avons quantité de produits divers tels que la soie, les peaux, les sucres, les laines, qui, après avoir satisfait déjà plus ou moins aux besoins de notre industrie, offrent des excédens que nous exportons avec profit.