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d’Ulm, sa citadelle, par une simple majorité conquise de haute lutte. Après les démocrates avances, ce sont les ultramontains, les fédéralistes, les adhérens du Gross-Deutsch (Grand Allemand) poursuivant la reconstitution de l’Allemagne avec l’Autriche sur les bases détruites par le canon de Sadowa, qui avaient fait passer le plus grand nombre de leurs candidats.

A l’encontre du roi de Bavière, Charles de Wurtemberg s’associait aux sentimens de son peuple et affectait de témoigner des égards particuliers à notre ministre Saint-Vallier, qui contrastaient avec sa froideur non dissimulée envers le représentant de la Prusse. Niel ayant eu l’idée d’envoyer des officiers français aux manœuvres des armées du Sud, le Roi les combla d’attentions et se montra indigné des attaques calomnieuses de certaines feuilles prussiennes, bien qu’ils ne se fussent pas départis un instant d’une mesure irréprochable. Ces sentimens furent encouragés par Gortchakof : il s’était rencontré avec Varnbühler dans le courant de l’automne et s’était exprimé sur la question allemande avec une netteté dont le ministre wurtembergeois ressentit une satisfaction vive, car c’était la première fois, depuis 1866, qu’il entendait un langage aussi agréable. Gortchakof affirma même « que la Prusse ne tenterait rien de contraire à l’indépendance des États du Sud, le roi Guillaume et le comte de Bismarck n’ignorant pas qu’ils perdraient l’amitié de la Russie, s’ils menaçaient le trône où était assise la sœur de l’empereur Alexandre[1]. »

A Bade se produisait un mouvement inverse. Là l’idée unitaire gagnait ce qu’elle perdait dans les autres royaumes. A un grand concours agricole dirigé par le gouvernement à Mannheim, les pavillons badois qui couvraient les tentes et les arcs de triomphe étaient partout surmontés de drapeaux de la Confédération du Nord. Il en était de même des édifices de l’État. A Heidelberg on avait vu naguère le pavillon de la Confédération substitué au drapeau badois. Mais ces manifestations avaient été l’œuvre de simples particuliers ; maintenant l’initiative et la responsabilité de l’acte appartenaient en entier au gouvernement. Le 24 septembre 1869, à l’ouverture des États, le Grand-Duc prononça ces paroles : « Depuis la dernière session de votre Assemblée, aucun pas décisif n’a été fait dans la transformation

  1. De Saint-Vallier, 16 septembre 1869.