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l’immunité des navires-hôpitaux. Malheureusement, la définition internationale de ces navires donna lieu à un si grand nombre de formalités administratives que l’assistance aux blessés fut loin d’en être simplifiée ; elle continua d’être exposée à une foule de difficultés et de risques ; et Ton put dire, au terme de la conférence, qu’un souffle plus large de pitié avait animé les travaux de 1864 et de 1868 que ceux de 1899. En ce qui concerne la guerre sur terre, on se hâta de régler les points qui n’offraient pas de difficultés. On traita d’abord des prisonniers de guerre : à leur égard, le seul progrès, appréciable d’ailleurs, fut la franchise des envois, dons et secours à eux destinés. On s’occupa ensuite, sans rien innover d’important, des capitulations, de l’armistice, des parlementaires, des espions, puis des moyens de nuire à l’ennemi, notamment des sièges et des bombardemens. Sur cette dernière question, on essaya de fixer les règles relatives au bombardement par des forces navales. Mais l’Angleterre s’y opposa catégoriquement, et n’adopta pas même le vœu renvoyant la discussion à une conférence ultérieure. En ce qui concerne les belligérans et les blessés soignés chez les neutres, la commission resta dans le vague. Non moins imprécises furent ses décisions à l’égard du problème de l’occupation militaire. Les intérêts des petites puissances sont en cette matière directement contraires à ceux des grandes. C’est ce qu’exprimait le délégué belge, M. Beernaert, en disant : « Il y a des situations qu’il vaut mieux abandonner au domaine du droit des gens, si vague qu’il soit. » Il fallait en effet s’en tenir aux généralités si l’on voulait aboutir à un accord ; et dès lors la forme devait nécessairement primer le fond. Pour que l’unanimité s’établît, on vidait le problème de sa substance ; et c’est à des textes imprécis qu’on finissait par s’arrêter. Ce fut le cas, parmi beaucoup d’autres, pour la question des droits de l’occupant à l’égard des chemins de fer de l’occupé. A chaque ligne, on trouve des restrictions : « autant que possible,… aussitôt que possible,… en attendant que… » Il en est de même pour la définition des belligérans. Ici encore apparaît le conflit des intérêts entre les grands et les petits. Force est de reconnaître « qu’il n’a pas été possible de concerter dès maintenant des stipulations s’étendant à tous les cas qui se présentent dans la pratique. » Mais alors, qu’a-t-on fait ? Et quel est le progrès par rapport aux conventions antérieures ? Ce progrès, si l’on est sincère, doit paraître mince.