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conférence ultérieure, l’étude des propositions russes. A grand’peine put-on faire passer un vœu tout platonique priant les puissances d’étudier la question. C’eût été la faillite complète, si M. Léon Bourgeois, avec un rare à-propos, n’avait ramené le débat à une question de principe, réduit l’entente projetée à l’expression d’un désir, substitué à un désaccord pratique une unanimité théorique. La conférence appelée à diminuer le poids des armemens se contentait de déclarer que « la limitation des charges militaires était grandement désirable pour l’accroissement du bien-être général et moral de l’humanité. » Était-ce la peine d’aller à La Haye pour exprimer, sans plus, cette vérité de sens commun ? Aussi bien, un plein succès sur les points secondaires ne rachetait pas cet échec capital. La première commission s’était occupée de réglementer le type des canons de marine : les propositions françaises et russes sur cette matière ne furent pas adoptées. Repoussés également les articles sur l’interdiction des torpilleurs sous-marins et des navires à éperon. Rejetée aussi la suggestion russe sur l’interdiction de nouveaux types d’engins pour l’artillerie de campagne et l’infanterie ; ici encore, un simple vœu invitant les gouvernemens à étudier la question. On n’arriva pas davantage à interdire unanimement l’emploi des gaz asphyxians ni des balles dum dum[1]. Le seul résultat pratique fut la défense de lancer des projectiles du haut des ballons. Mais cette convention est aujourd’hui périmée ; et, vu l’état de la science, il est fort douteux qu’elle soit renouvelée.

La seconde commission avait à examiner l’extension de la convention de Genève à la guerre maritime et la révision de la convention de Bruxelles sur les lois de la guerre sur terre. Ces deux problèmes étaient assez vastes pour lui permettre d’élaborer des textes, dont plusieurs pourraient être approuvés par tous. Il s’en faut cependant de beaucoup qu’elle soit parvenue à énoncer des règlemens précis et généraux. Pour traiter utilement de la situation des blessés dans les guerres maritimes, il aurait fallu, comme le demandaient les États-Unis, proclamer le principe du respect de la propriété privée sur mer ; mais ni l’Angleterre qui vota contre, ni la France qui s’abstint, ne consentirent à s’approprier la suggestion américaine. Force était donc de se contenter de palliatifs. On les trouva dans un accord sur

  1. Pour ces dernières, la Conférence adopta une déclaration prohibitive. Mais l’Angleterre et les États-Unis refusèrent de la signer.