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qu’en Saxe, l’électeur Georges devait y tenir forcément compte de l’opposition du Parlement qui ne regardait pas d’un bon œil l’agrandissement des possessions allemandes de son roi. D’ailleurs, pour l’Angleterre et la Hollande, les deux puissances maritimes, rabaissement de la France importait plus que celui de la Prusse, et le ministère hanovrien ne pouvait pas se désintéresser de la question.

Si donc en Saxe c’étaient les intrigues de la France que l’envoyé de Marie-Thérèse devait déjouer, au Hanovre c’étaient les embûches de la Prusse qu’il lui fallait faire connaître.

Favoriser cette dernière puissance sous le prétexte futile que par ce moyen on l’éloignerait de la France, était, depuis la mort de Charles VI, — pour le malheur de l’Autriche, — le but et le principe fondamental de la politique anglaise. De là les efforts réitérés, qui remontent à l’époque antérieure, à la bataille malheureuse de Hohenfriedberg, pour préparer la réconciliation « simulée » de l’Autriche avec la Prusse. Nonobstant la défaite essuyée, Marie-Thérèse n’était pas disposée à donner suite à une proposition semblable. Si elle lui était soumise, le comte Khevenhüller disait « ne se laisser pas emporter à aucune violence, comme c’était d’ailleurs son habitude, mais s’en expliquer vigoureusement et faire comprendre sans ambages que Nous accepterions plutôt toutes les extrémités avant de Nous soumettre à une telle injonction. »

Et effectivement, la mission de Jean-Joseph dut se borner à esquiver les suppositions désobligeantes et à raffermir lord Harrington, le ministre de George II, « dans une manière de penser honnête et agréable. » Mais George II était aussi électeur de Hanovre et, comme tel, il devait être incontestablement rappelé à l’obligation de soutenir la Reine de toutes ses forces ; car il n’avait fourni ni les secours promis par les traités, ni adopté une attitude exempte de tout reproche dans la question de l’élection impériale.

Dans son voyage à travers la Bohême, le comte Khevenhüller se rendit d’abord à l’armée. Il raconta ses impressions à la reine sans détours, d’après les dires d’hommes capables de juger les causes qui avaient déterminé la perte de la bataille de Hohenfriedberg. Après un court séjour au quartier général, il poursuivit sa route. Arrivé à Dresde, il n’avait à annoncer d’abord que des choses agréables. Mais bientôt il put se convaincre que