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d’une part, sa nomination en était « le plus grand honneur et la plus grande consolation, » en lui permettant de se trouver souvent en contact avec des personnes augustes, elle n’en avait pas moins « pour un homme honorable et honnête surtout » quelques conséquences fâcheuses. D’ailleurs il n’aimait pas la vie des cours, et sa « complexion elle-même ne valait rien pour les fatigues de la cour et les bienheureuses attentes dans les antichambres. »

Ce fut avec mélancolie que Jean-Joseph se souvint du défunt empereur, qui n’avait jamais voulu le retirer de la carrière diplomatique ; et, maintenant, il devait se trouver heureux que, grâce à l’intervention du grand-duc, on lui offrît cette charge, « de préférence à des personnes plus âgées et plus méritantes. » Il se familiarisa cependant assez vite avec sa nouvelle situation ; il s’y identifia même tellement à la fin, qu’aucun autre champ d’activité n’avait plus autant d’attrait pour lui. Il refusa par exemple d’occuper ad intérim, c’est-à-dire jusqu’à l’arrivée de Charles de Lorraine, la place de gouverneur à Bruxelles, et il renonça à l’honneur d’accompagner en Belgique l’archiduchesse Marie-Anne. Le fait d’être affligé « d’une grippe extraordinaire, » qui le torturait depuis des années déjà, lui fut cette fois-là très propice. Il ne fit pas de difficultés, au contraire, à se charger éventuellement de nouvelles obligations, pourvu qu’elles lui procurassent l’occasion de se trouver dans le voisinage immédiat du couple des bien-aimés souverains. Ce fut ainsi qu’il remplit, du mois de mai 1743 au mois de septembre 1745, — simultanément avec les siennes, — les fonctions de grand maître de la cour et de grand chambellan.

Ce n’était pas seulement par son activité et son exactitude dans l’expédition des affaires qu’il brillait, mais aussi par L<an équité inflexible ; aussi entra-t-il de plus en plus dans les bonnes grâces de Marie-Thérèse et de son époux. Un jour, celui-ci lui fit part confidentiellement qu’on était à la veille d’une promotion dans la Toison d’or, et comme lui, Khevenhüller, était « du bois dont on taillait les chevaliers, » il devrait « se présenter et faire les démarches nécessaires pour l’obtenir. » Peu de temps après, au mois de janvier 1744, il fut nommé, simultanément avec son cousin, le maréchal Louis-André, chevalier de la Toison d’or.

On apprend par son Journal, à la date du 15 juillet de la même année, que Marie-Thérèse lui réserva « une très glorieuse, mais