Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 39.djvu/691

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

égale durée, de ceux des agens civils, et il renouvelle, pour deux ans, l’engagement du général Degiorgis et des officiers européens. Le 23 décembre, M. Boppe pouvait enfin télégraphier à M. Rouvier qu’Hilmi Pacha était entré en relations avec les conseillers financiers et que la Commission allait pouvoir reprendre ses travaux. La crise aiguë était terminée, mais elle allait avoir un épilogue. Les puissances, qui s’étaient montrées intransigeantes dans leur résolution d’obtenir de la Porte l’établissement d’un contrôle financier européen, parurent beaucoup moins pressées quand il s’agit de rendre possible l’application des réformes en reconnaissant au gouvernement ottoman la faculté de porter de 8 à 11 pour 100 ad valorem les droits de douane sur les marchandises entrant en Turquie.

Dès l’époque où il préparait, avec la Banque ottomane, un projet de réforme financière, le gouvernement turc avait pris soin de faire notifier aux grandes puissances que l’augmentation des droits de douane devait être la conséquence et la condition des réformes. Pour l’exercice 1322, le budget des trois vilayets s’est soldé par un déficit mensuel de plus de 80 000 livres turques, soit près de 25 millions de francs par an, somme considérable dans un pays dont le budget total ne se monte guère qu’à 300 millions de francs : c’était donc, pour l’Europe, une nécessité évidente, un acte de justice stricte, si elle exigeait des réformes, d’en assurer les moyens et de verser, sous forme d’accroissement des droits de douane, une subvention indirecte au budget de la Macédoine. Les puissances comprenaient qu’elles ne pourraient pas éviter d’entrer dans cette voie ; mais, avant de céder, elles saisirent l’occasion de demander des avantages nouveaux. La Grande-Bretagne, si ardente à réclamer des réformes, se montra particulièrement récalcitrante quand il fut question de majorer les droits de douane : elle déclara que ses nationaux faisant 60 pour 100 du commerce total de l’empire ottoman, elle avait besoin d’étudier à loisir une question qui l’atteignait si directement. La plupart des grandes puissances cherchèrent à profiter de la détresse financière de la Turquie pour se faire donner des avantages supplémentaires, Les Anglais obtinrent la prolongation jusqu’en 1940 de la concession du chemin de fer Smyrne-Aïdin et la concession de deux petits embranchemens atteignant les lacs de Bouldour et d’Égerdir. Les Allemands de leur côté cherchèrent à lier la question du