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pour que l’abonné d’un journal aime à lire une si longue analyse de ses œuvres, cette nu témoignage dans une lettre écrite par Gobineau à sa famille : « Il est impossible, dit-il, d’avoir une bonté, plus complète, plus affectueuse, plus tendre que celle du ministre pour moi : aussi suis-je tout à lui. »

Voici deux billets que le ministre Alexis de Tocqueville écrivit à son chef de cabinet :


Mon cher monsieur,


Le 4 octobre 1849.

La séance se continuant, et pouvant avoir d’un moment à l’autre à m’expliquer au nom du gouvernement, je ne puis, à mon très grand regret, être de retour chez moi à six heures. Veuillez faire très vivement mes excuses à M. de Shisselef et lui dire que le gouvernement apprécie comme il le doit le fait que vous m’avez annoncé et qu’il m’eût été particulièrement agréable d’avoir à le dire moi-même au représentant de Sa Majesté impériale. Je ne doute pas que ces sentimens ne nous soient communs avec le Président de la République. Croyez à tous mes sentimens d’estime et d’affection.

ALEXIS DE TOCQUEVILLE.

Je vous envoie, mon cher ami, une lettre particulière pour Beaumont[1] et la lettre confidentielle de Lamoricière. Je vous prie de remettre la seconde à M. d’Hautpoul. Quant à la première, il faut la faire partir par le courrier d’aujourd’hui, en ayant bien soin qu’elle ne soit ni lue ni copiée avant. Ceci est d’une grande importance. La nouvelle que vous m’avez donnée hier m’a causé une joie extrême. Je vous préviens que tout à l’heure Hockam me l’a rapportée, ce qui montre qu’elle ne sera un secret pour personne bientôt. J’aurais voulu un plus long secret.

Mille amitiés. N’oubliez pas mes a flaires.

A. DE TOCQUEVILLE.


Le 5 octobre 1849.

Après le message présidentiel du 31 octobre 1849, Tocqueville donna sa démission. Mais son jeune protégé resta dans la carrière, et, peu de temps après, fut envoyé en qualité de secrétaire d’ambassade à Berne d’où il lui adressa une série de récits très détaillés sur la Suisse, que nous publierons ailleurs et où l’on verra sans doute, ainsi que l’a fait Tocqueville, des documens précieux pour l’histoire de l’état social et politique de ce pays.

  1. Cette lettre se trouve dans la nouvelle Correspondance de Tocqueville (Œuvres complètes, t. VII), 1866, p. 246-47.