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mais si peu ! Quand il aura fait halte devant la Femme en bleu de M. Lomont, devant le Portrait de Mme de Y… de M. Dagnan, devant la Passagère, de M. Jeanniot, devant le Portrait de M. Lucien Simon, de M. Cottet, la scène de genre Avant de sortir, n° 110 de M. Biessy, les Bergères et génisses de M. Burnand et qu’il aura considéré les panneaux de M. La Touche, où semble s’être réfugiée toute la fantaisie des Salons de 1907, enfin le Portrait de M. Pablo Casals de M. Raymond Woog, — il s’en ira prudemment. Il évitera soigneusement les grandes toiles déployées comme des voiles de navires qu’aucun souffle, hélas ! n’anime, ne gonfle, ni n’emporte vers des rivages heureux ! Regardant trop autour de lui et des signatures trop illustres, il courrait grand risque de voir s’étioler bien des tempéramens dont il admira jadis la puissance ; — et il passera au Salon des Champs-Elysées.

Là, aussi, le bâton du pèlerin ne cessera presque pas de frapper le sol. Il ne fera silence, un instant, que devant le Portrait de M. Fallières, de M. Bonnat, le Lion, de M. Morot, les figures de femmes, de M. Henri Guinier, la tête d’enfant intitulée Fleur de Bretagne, de M. Henri Royer, les Cygnes, de M. Maxence, les Petites Dentellières, de Mme Lucas, la nature morte intitulée Déjà le Jour, de M. Avy, l’excellent Portrait de Mme L. de la F… de M. Alexis Vollon, le Coin de lingerie chez les Dames hospitalières de Beaune, de M. Bail, et les portraits de jeunes filles où M. Hébert renouvelle, pour la seconde fois dans l’histoire de l’art, les miracles de la vieillesse du Titien.

Voilà quelques noms français, mais le reste du temps, si le pèlerin d’art est attiré par une facture un peu neuve et vibrante, qu’il regarde la signature, et c’est un nom étranger qu’il reconnaîtra au bas de la toile, et, cette année, c’est toujours un nom espagnol. La toile la plus saisissante des Champs-Elysées, les Gendarmes Catalans, est signée Carlos Vazquez, de Barcelone. Une autre, intitulée A l’Hermitage, est signée José Rodriguez-Acosta, de Madrid ; une troisième, Mes Amis, est signée José-Maria-Lopez Mezquita. Et si l’on se souvient des admirables morceaux de peinture exposés à d’autres Salons par M. Sorolla y Bastida, par M. Cazas, par M. Zuloaga, par M. Rusinol, on pensera peut-être que, s’il est prématuré de parler d’une « école espagnole, » il est juste d’avouer que la plupart des peintres nouveaux nous viennent d’Espagne.

Et c’est au retour d’Italie que se manifestent la plupart de nos