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LA
QUESTION DE LA MACÉDOINE

I
LES NATIONALITÉS

Au cours de l’année de l’hégire 1322, terminée le 28 février dernier, dans cent et une rencontres avec des bandes armées, les soldats et les gendarmes turcs ont tué 462 hommes, dont 242 Bulgares, 181 Grecs et 39 Serbes : ils en ont blessé 21 et pris 84 ; eux-mêmes ont perdu 75 tués et 100 blessés : tel est le bilan officiel, établi et publié par les soins de l’Inspecteur général Hilmi Pacha, pour les trois vilayets de Salonique, de Monastir et de Kossovo qui constituent la Macédoine. Ces chiffres, même si on les accepte sans contrôle, ont leur éloquence ; et si l’on songe que ni les massacres, ni les attentats isolés, ni les pillages, ni les viols, ni les incendies n’entrent ici en ligne de compte, si l’on se représente, d’autre part, les dimensions restreintes et la population clairsemée des trois vilayets, il faut bien reconnaître que le calme et la sécurité sont loin de régner en Macédoine et que l’ère sanglante n’est pas close. Si nos journaux n’en parlent plus guère, c’est que le public veut de la nouveauté : des massacres chroniques ne sont plus d’actualité.

Il est impossible de parcourir la Macédoine sans en rapporter une impression de malaise, de misère, d’insécurité. Les Occidentaux qui habitent le pays sont vite blasés sur le fréquent