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Sauf ce cas, que le contribuable seul peut invoquer, l’Income tax ne donne jamais lieu à une totalisation des divers revenus du contribuable et par conséquent à la connaissance de l’ensemble du revenu de celui-ci. L’impôt est divisé en cinq cédilles qui sont désignées par les cinq premières lettres de l’alphabet : la cédule A, qui frappe les revenus fonciers ; la cédule B, qui atteint les revenus de l’exploitation du sol, c’est-à-dire les bénéfices des fermiers, le fermage étant le mode de tenure ou d’exploitation du sol quasi universel dans la Grande-Bretagne ; la cédule C, qui grevé les intérêts des fonds publics divers, nationaux, coloniaux et étrangers ; la cédule D, qui atteint les revenus commerciaux, industriels, professionnels (y compris les traitemens d’employés privés et les salaires suffisamment élevés), ainsi que les intérêts ou dividendes des sociétés anonymes ; la cédule E, qui s’applique aux traitemens ou salaires des fonctionnaires du gouvernement, des municipalités et des divers services publics. La cause du morcellement de l’Income tax en ces cinq cédilles a été parfaitement décrite dans une publication officielle contemporaine de l’établissement de cette taxe en 1803 : « Tandis que l’ancien droit (celui de l’Income tax de 1798), y est-il dit, était assis sur l’ensemble du revenu du contribuable, de quelques sources diverses que ce revenu provînt, le droit actuel est établi à la source même de chaque revenu. Au lieu des comptes compliqués qu’exigerait la constatation exacte des revenus individuels dont les sources sont multiples, l’impôt va à la source elle-même. Le fisc atteint ainsi le but avec plus de facilité et de sûreté, moins d’embarras et de publicité, diminuant par le mode de perception les occasions de fraude. Les transactions privées sont soustraites à l’investigation des pouvoirs publics et les intérêts du Trésor sont plus efficacement gardés que par tout autre système. » Les avantages de la méthode cédulaire sont très bien décrits dans cet exposé officiel ; le revenu total du contribuable n’est jamais recherché ni connu, sauf quand celui-ci réclame l’immunité ou prétend avoir droit à des déductions. L’impôt ne peut pas être progressif, puisque le revenu total de la généralité des contribuables reste inconnu ; il peut seulement être dégressif, c’est-à-dire admettre certaines réductions ou déductions jusqu’à un chiffre de revenu déterminé qui ne peut être placé bien haut. L’Income tax britannique est donc un système relativement discret.