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les rangs du parti révolutionnaire. Voilà pourquoi je propose à Votre Majesté la nomination de Duvernois au sous-secrétariat de l’Intérieur. Voilà pourquoi je propose aujourd’hui la nomination de Philis. Philis a trente-huit ans ; il est avocat, ami et émule de Gambetta et de Ferry ; il s’est séparé d’eux pour me rester fidèle. C’est un orateur vaillant et éprouvé qui ramènera avec énergie les jeunes irréconciliables avec lesquels il s’est mesuré déjà plus d’une fois. Sa nomination aurait l’avantage d’établir comme précédent que les sous-secrétaires d’Etat peuvent n’être pas choisis parmi les députés : on se réserverait ainsi un moyen de révéler à la nation des hommes de mérite qui seraient dans l’impossibilité d’arriver au Corps législatif. Appelez à vous la jeunesse, Sire, elle seule peut sauver votre fils ; les vieillards égoïstes qui vous entourent ne songent qu’à eux. Ma principale préoccupation, tant que vous accepterez mon concours, sera de chercher partout des hommes, et, lorsque j’aurai trouvé celui qui pourra mieux que moi remplir mon office, je vous le désignerai moi-même, et je serai bien heureux de lui frayer la route. Cette régénération de votre personnel est urgente ; sinon, vous péririez d’inanition au milieu de la cohorte incapable et pusillanime de vos fonctionnaires. Il va de soi que je conseille de prendre ce qui est fort dans toutes les opinions ; mais ceux qui appartiennent à l’opinion libérale ont été jusqu’à ce jour proscrits avec une telle obstination, qu’il y a un long arriéré à solder à leur égard. Je vous prie, Sire, de me croire votre tout dévoué ex imo. Pour ne rien ébruiter, il suffit que je sois à Paris mardi. En quelques jours, dans l’état où sont les choses, tout sera terminé. »

« Le 13 novembre. — Sire, j’ai prié M. Daru d’être à Paris mercredi à cinq heures et demie. Si j’échouais auprès de lui, Votre Majesté veut-elle me permettre d’offrir le portefeuille du Commerce à M. Buffet ? Je connais, mieux encore que vous, Sire, les inconvéniens de ce personnage, mais il a fait avec nous la loi sur les coalitions ; il n’est pas protectionniste, il est honnête, parle bien et jouit d’une réelle influence ; quant à ses inconvéniens, j’en fais mon affaire et je m’ingénierai à en défendre Votre Majesté. Je voudrais ne vous entourer que de personnes qui vous fussent agréables, mais nous sommes à l’entrée d’un défilé difficile, et nous ne le franchirons qu’en prenant chacun un peu sur nous. Après la session, si, comme je l’espère, nos jeunes recrues se sont bien conduites au feu, vous pourrez