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qui deviendrait la charte du nouveau ministère. Désormais aucun ministère ne pourra se présenter devant la Chambre sans ce préliminaire : car, dès son avènement, on lui demandera par interpellation de formuler ce qu’il veut, soit à l’extérieur, soit à l’intérieur. Je conçois ce programme ainsi. Lutte énergique, incessante, contre les doctrines et les pratiques révolutionnaires par la paix et par la liberté. La paix, c’est le respect du principe de non-intervention, ou mieux le respect du principe des nationalités. La gloire de Votre Majesté est d’avoir le premier proclamé la politique des nationalités : il ne faut pas qu’elle écoute ceux qui lui conseillent de l’abandonner pour revenir au principe étroit, stérile, des agrandissemens territoriaux ou des équilibres factices. Trois questions étrangères sont à considérer : l’Allemagne, l’Italie, l’Orient. En Allemagne, faut-il s’opposer à l’annexion (qui d’ailleurs n’est pas prochaine) des États du Sud à la Confédération du Nord ? Ce sera à examiner si la Prusse veut opérer cette annexion par la force. Non, sous aucun prétexte, si cette annexion ne s’opère que par le vœu des populations.

« En Italie, il n’y a que la question de Rome. La résoudre en principe par le retour à la Convention du 15 septembre et, jusqu’au moment où l’Italie nous aura donné des gages certains de sa volonté et de sa puissance de faire respecter cette convention, maintenir notre occupation. Au surplus, toute conversation sur ce sujet doit être refusée tant que le Concile œcuménique ne sera pas terminé. En Orient, tout se réduit à savoir comment il faut se comporter vis-à-vis des nationalités chrétiennes qui s’insurgent contre la Porte. Ne pas les exciter, les calmer si on peut, mais leur être toujours bienveillant et, si on est réduit à prendre parti, les soutenir plutôt que les combattre.

« La liberté, c’est les violences de la presse et de réunion courageusement supportées, tant qu’il n’y aura pas péril de guerre civile et lutte dans la rue ; l’article 75 de la Constitution de l’an VIII modifié, les candidatures officielles abandonnées, la loi de sûreté générale rapportée, un élément nouveau introduit dans l’administration, les abus du népotisme et de la faveur arrêtés, les principes de la liberté commerciale maintenus, l’instruction publique et les travaux publics productifs largement dotés, un système électif pour Paris et pour Lyon étudié, la liberté communale étendue sans qu’il soit nécessaire d’abandonner aux communes la nomination des maires : il suffirait qu’ils