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premiers en 1857, il y a cinquante ans. La plupart de ses romans y ont paru dans l’intervalle de ces deux dates. Peu de poètes, peu d’écrivains ont été plus que lui fidèles à eux-mêmes : il a chanté, décrit, raconté la nature. Nul n’a été plus sensible à son charme intime et pénétrant. Les bois surtout l’ont toujours bien inspiré : il les aimait mieux qu’avec passion, avec une tendresse tranquille et profonde, qui tenait à la délicatesse de son esprit et à l’exquise simplicité de ses sentimens. Tous ceux qui l’ont connu l’ont aimé. Son œuvre est merveilleusement saine : on est tenté d’en dire qu’elle sent bon, comme Sainte-Beuve l’a dit de son premier volume de vers. Elle est, en effet, toute embaumée des senteurs des champs et des bois ; elle participe à la limpidité des grands lacs où il se plaisait à promener ses rêveries. Dans ces cadres chers à son imagination, il a déroulé des actions romanesques toujours fines et quelquefois fortes. Il y a quelques semaines à peine, M. André Theuriet nous parlait d’un roman qu’il |voulait encore faire, et qui, disait-il, serait le dernier. La mort l’a pris avant qu’il ait pu l’écrire ; mais l’œuvre qu’il laisse est le témoignage de ses qualités charmantes d’homme et d’écrivain. Le souvenir en restera.


FRANCIS CHARMES.


Le Directeur-Gérant,

FRANCIS CHARMES.