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douloureux. » « A diverses reprises, ajoute-t-il, le sang s’échappe de la peau du front et forme comme une couronne autour de la racine des cheveux ; dans le pli des paupières inférieures il coule suffisamment pour qu’on puisse en recueillir plusieurs gouttes. Soit avant, soit après le moment de l’éruption, la peau conserve son aspect habituel, elle ne paraît pas plus injectée sur les points qui saignent que dans le voisinage et l’on n’y distingue aucune tache[1]. »

Dans ce même mémoire, Parrot emprunte au professeur Magnus Huss, de Stockholm, la description d’un cas très analogue[2], avec cette différence importante que la malade de Huss, Maria K…, faisait reparaître volontairement ses hémorragies, en se mettant en colère et en déterminant ainsi la crise nerveuse nécessaire à l’apparition de la rosée sanglante.

A côté de ces troubles circulatoires, le professeur Raymond signalait en 1890 des troubles trophiques tout aussi intéressans pour la physiologie des stigmates. Chez une jeune hystérique qu’il présentait à la Société des Hôpitaux le 26 décembre, des ecchymoses s’étaient montrées tout d’abord sur le bord externe du pied droit ; elles survenaient à la suite d’une grande crise, après laquelle la malade restait quatre jours à l’état de sommeil. Cette malade présenta par la suite des phlyctènes à la poitrine, sur les membres supérieurs et sur la face dorsale de la main.

Enfin le docteur Apte, à qui j’emprunte quelques-unes des citations précédentes, décrit dans sa thèse une sorte de gangrène spontanée de la peau qui se manifeste chez les hystériques à la suite d’une légère blessure ou d’une simple émotion et qui s’annonce, tout d’abord, par des douleurs cuisantes, localisées en un point quelconque du corps où surviennent, bientôt après, des vésicules remplies d’un liquide sanguinolent.

« Au bout de quelques jours, » dit-il, « la bulle crève, et il, se forme une escarre en creux ou en saillie ; cette escarre finit par tomber au bout d’un temps assez court, variant entre trois jours ou quelques semaines, et laisse une ulcération rouge garnie de bourgeons charnus qui se cicatrisent lentement[3]. »

Ce sont donc des accidens névropathiques connus et observés

  1. Parrot, op. cit., p. 3-4.
  2. Archives générales de médecine, août 1857, p. 165 et suiv.
  3. Maurice Apte, les Stigmatisés. Paris, 1903.