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SOUVENIRS DE SICILE


O Sicile embaumée et de gloire allaitée,
Sous ton ciel de saphir j’ai gravi bien des monts.
Antique Trinacrie, autrefois si chantée,
J’ai vu tes verts figuiers et tes jaunes citrons.

Je revois tes troupeaux et la bergère grecque
Au classique profil, à l’œil sombre ou pensif,
Et tes cloîtres normands où les fils de la Mecque,
De Sparte ou de Capri, se reposent sous l’if.

Reçois mon souvenir, chapelle Palatine,
Resplendissant bijou d’un merveilleux décor :
Oui, je rêve de toi, mosaïque opaline,
Harmonieuse et douce au fond du parvis d’or.

Je sens de ton Etna le soufre et la fumée,
Puis la neige argentant la montagne aux flancs bleus,
Et je monte et regarde en l’île parfumée
Le panache effrayant de feu roux sous les cieux.

Le cratère vomit l’étincelle et la pierre,
Eclairant le flot noir de tragiques lueurs ;
Et le temple couché comme un dieu dans sa bière
S’illumine parfois de sinistres fureurs.

Et la lave engloutit, hélas ! tout ce qui reste.
Mais le gouffre fécond a fait germer des fleurs
Et bourgeonner la vigne et la bruyère agreste,
……….
Je cueille des œillets où l’on versa des pleurs !


AU PATRE DE LA MONTAGNE


Rêves-tu de l’étoile ou rêves-tu de l’or ?
Ton cœur accepte-t-il joyeusement le sort ?
A quoi songes-tu, pâtre, en ta cabane haute ?
Le démon tentateur est-il parfois ton hôte ?